Sleepy Town Manufacture

Repéré pour notre part avec la compilation Intelligent Toys 2 du webzine Sutemos il y a un an, le duo russe Sleepy Town Manufacture est vite devenu, au gré de la découverte de leurs enregistrements passés, l’un de nos groupes d’electronica mélodique préférés. Play Me While, leur second album à sortir en CD (il faut ajouter, en ce qui concerne les long-formats, For You & For Me, double album MP3), devrait logiquement venir corroborer ces bonnes dispositions.

En effet, on se rend vite compte qu’Anton Lukoyanychev et Alexander Ananyev ne nous décevront pas : nappes accueillantes, rythmiques à la granuleuse précision, mélodies captivantes, ambiances soyeuses, science de la construction de chaque morceau, les Russes portent, une fois de plus, l’electronica mélodique à son meilleur. Si on est indubitablement en terrain connu, aussi bien en ce qui concerne le genre pratiqué que ce que le duo a fait par le passé (à cet égard, on retrouve ici Restrained Ambitions, morceau déjà présent sur la compilation Intelligent Toys 2, mais dans une version un peu différente), force est de reconnaître que Sleepy Town Manufacture possède la faculté de porter au firmament cette electronica mélodique, dont il semble de bon ton de dire qu’elle tourne en rond, en mêlant idéalement rythmiques, mélodies et plages d’arrière-plan.

Plus encore, les Russes font montre d’une impeccable capacité de renouvellement, n’hésitant pas, par endroits, à proposer des sonorités plus métalliques ou plus orientalisantes, à mettre les pulsations plus en avant ou à leur apporter une consonance plus « crunchy », à évoluer dans une atmosphère plus onirique ou à élever le tempo. Dès lors, la grosse heure et les quinze titres de Play Me While passent aisément, même pour qui n’apprécierait uniquement que l’electronica mélodique apaisée (les morceaux sortant de ce sentier apparaissant alors comme des moments de répit avant d’être à nouveau touchés par la beauté du titre suivant). Un petit regret toutefois : certaines pistes (comme Blik12 et sa rythmique proche d’une batterie réelle ou Home Again qui clôt logiquement le disque par une ambient mélancolique) ne durent pas assez longtemps.

Cette légère remarque mise à part, on ne peut néanmoins que constater que les Russes de Sleepy Town Manufacture confirment, disque après disque, qu’ils font partie des tous premiers artistes de la scène electronica, russe évidemment, mais aussi mondiale assurément.

François Bousquet
le 24/11/2005