Fedaden

Fedaden n’est pas tout à fait un inconnu puisqu’il s’agit de la moitié du duo Del Wire dont nous avons déjà parlé. Si la tonalité musicale de Fedaden est assez différente de celle de Del Wire, le label lui ne change pas et sort ici sa plus belle réussite.

En effet on était un peu méfiant quant à cette nouvelle sortie. Une méfiance vis à vis du label dont la première sortie (Canvas : Buona Modulazione) était hors du périmètre de ce site, un honnête album de Del Wire (bien qu’arrivé un peu trop tard sur ce créneau), mais un concert décevant il y a quelques mois. Passé le premier titre, plutôt agréable, chaleureux avec sa contrebasse, ses élans de cordes, ses percussions rondouillettes et groovy, on aborde des terres plus franchement électroniques avec Tant Apprendre. Une electronica popisante avec une voix fragile, des éléments rythmiques qui dégringole, et un joli travail sur le son. Les constructions semblent couler de source mais sont loin d’être évidentes, entre les effets de syncope et les sonorités acoustiques jouées à l’envers.
D’une manière générale, l’album est empreint d’une certaine nostalgie, peut-être appuyée par l’emploi d’instruments réels (cordes, orgue, vibraphone), de sonorités douces (nappes en suspend), de souffle, grésillements et craquements de vinyles (Ansiedad, Volla), et synthés analogiques (005), témoignage d’une époque passée. En ce sens, ce premier album de Fedaden pourra faire penser à Boards of Canada, cet aspect brumeux, vaporeux en moins. En effet, les souvenirs de Fedaden sont parfaitement clairs et les moyens mis en oeuvre également : les mélodies et rythmiques font mouche presque à tous les coups, et sur ce point nous penseront plutôt à Plaid.

Tour à tour electronica, ambient, pop, quelques marques hip-hop aussi, avec une expérimentation parfaitement dosée pour ne pas donner l’impression d’avoir déjà entendu ça, et sans jamais faire d’ombre au plaisir immédiat, ce premier album est un petit bijou dans le paysage electronica français.

Fabrice ALLARD
le 22/11/2005