Keith Berry

On découvrait Keith Berry il y a quelques mois et ce fut une véritable révélation. Auteur d’une musique ambient minimale, l’Anglais est déjà de retour avec cet album sorti deux mois seulement après The Ear That was Sold to a Fish. On est alors logiquement en terrain connu. Nous n’avons par contre jamais parlé du label Twenty Hertz qui est en fait la résidence rêvée pour Keith Berry puisque ce label créé par Paul Bradley est dédié à l’ambient et aux drones. Paul Bradley oeuvre d’ailleurs exactement dans le même registre.

L’album est étrangement composé d’une seule piste d’une quarantaine de minutes, empêchant l’écoute-zapping. Ça tombe bien, la musique de Keith Berry se prête plutôt à la longue immersion en apnée. Pourtant A strange Feather semble être découpé en pièces distinctes, séparées par des silences. Peut-être ne sont-ce que des pauses, moments de répit ou ponctuations.
On ne passera pas des heures à décrire la musique de Keith Berry, finalement assez simple : superposition de nappes glacées infinies et rémanences de sonorités acoustiques (cordes, piano). Chaque son semble être un dernier soupir, et si cette musique est a priori apaisante, elle crée aussi une certaine inquiétude liée au silence et à la solitude. Amateur de poésie et de philosophie orientale, Keith Berry joint un petit poème à son album, dans lequel il est d’ailleurs question de folie, de fantômes, de peurs, de chagrins.
Si dans l’espace le silence absolu est maître, on a quand même envie de parler du vide sidéral qu’évoque cet album qui aurait pu servir de BO à 2001 L’Odyssée de l’Espace. En même temps, dans ce vide, tout semble être dit, un peu comme le blanc qui est la somme de toutes les couleurs.
Quelques field recordings viennent nous rappeler que l’on est encore sur notre bonne vieille Terre et pas au Paradis, quelques tintements de cloches, des frottements d’étoffes, des chuintements qui apportent aussi un peu de relief à une musique d’une linéarité stupéfiante.

Tout comme The Ear That was Sold to a Fish, A Strange Feather est un achat indispensable à tout fan de Biosphere. Pour information, les 100 premiers CDs sont dans une version double CD avec une autre pièce de 20 minutes intitulée Turn Left A Thousand Feet From Here.

Fabrice ALLARD
le 25/11/2005