STUD

Stud était déjà présent sur la compilation Music of Deneb 2099 dont on parlait en début d’année, sortie sur le label Dars Records. On le retrouve aujourd’hui avec cet album CD-R, troisième référence du label russe, soit une parfaite occasion d’approfondir le travail de cet artiste.

Stud se situe quelque part entre ambient et electronica, et parvient à produire une musique efficace, très touchante, intelligente, de manière tout à fait personnelle. On retrouve tous les éléments propres au genre, rythmiques sophistiquées, nappes planantes, mélodies fines et cristallines, mais Alexey Devjanin a une façon bien à lui de faire communiquer tous ces éléments. Pour commencer on est impressionné par l’ampleur du son de cet album. Le mixage donne vraiment une impression de relief, on sent une certaine distance entre les percussions, les nappes et les mélodies, distance qui donne une véritable sensation d’espace. Si certains travaillent la précision des compositions, le Russe quant à lui s’attarde sur la mise en forme de ses éléments, de leur disposition dans l’espace sonore.
Et le résultat est assez bluffant. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu un album electronica aussi subtil : les mélodies utilisent certes des sonorités claires, limpides, mais leur composition sort de l’ordinaire et elles ne sont pas mise en avant, évitant ainsi la facilité. Les rythmiques quant à elles sont joliment travaillées sans être non plus complètement alambiquées. Parfois plus minimales, utilisant régulièrement des sonorités un peu crades, elles contribuent également à cette impression de relief, comme des pics entre lesquels louvoient nappes et mélodies.
Autre élément faisant preuve de la maîtrise de cet artiste, la durée des morceaux : la moitié des pistes font entre 6 et 7 minutes, mais jamais on ne se lasse. Le dosage rythmique/mélodie est parfait, les éléments se renouvellent quand il le faut, les breaks sont idéalement positionnés et l’enchaînement des morceaux permet de faire une pause après une piste un peu plus énergique.

Alors où est le problème ?
Il n’y a pas de réel problème, mais la fin de l’album est malheureusement un peu en dessous. A vrai dire on ne comprend pas la construction de Post Meridiem, presque uniquement rythmique dans une première moitié, puis presque uniquement mélodique. Sur PM Variations les tintements mélodiques se réverbent et sont à l’origine des nappes dans lesquelles ils se noient : on est alors bien loin du relief des premiers titres. Même défaut pour Gaucherie Part Two aux mélodies flottantes. Cela dit ces trois morceaux sont aussi les plus courts, laissant à penser que l’artiste était ici en manque d’inspiration et se rendait compte de l’impasse.

Un peu dommage d’avoir mis ces morceaux en fin d’album, alors que l’on aurait pu obtenir sur une plus courte distance un des meilleurs albums du genre de l’année. Fortement recommandé !!

Fabrice ALLARD
le 26/11/2005