(Soma Records / Import)
24/10/2005
Electronique
Après avoir intégré l’écurie écossaise Soma Recordings, réputée pour ses productions plus techno-house de qualité (Envoy, Funk D’Void, Maas, Percy X, Silicone Soul, Space DJz...), Martin Wheeler y présente son deuxième album, un an après la réédition de son premier effort éponyme. Originellement sorti sur sa propre structure confidentielle Iwari, ce Vector Lovers avait fait forte impression chez les aficionados d’une electronica rythmée, mélodique et complexe, héritée de Plaid et Orbital notamment. On a également pu apprécier en concert l’indéniable talent de ce natif de Reading, désormais résident de la jolie ville de York.
A lire la biographie de Vector Lovers sur le site de Soma, on se surprend à constater à quel point les accointances musicales de Martin Wheeler sont proches des nôtres : partant de Kraftwerk puis biberonné à la synth-pop eighties made in Depeche Mode, il évolue vers la baggy-dance des Happy Mondays et la dream-noisy de My Bloody Valentine avant de se concentrer sur les productions de ses pairs Isan ou Boards of Canada ou des labels Toytronic et AI, entre autres. Toutes ces influences se retrouvent dans ce deuxième album extrêmement abouti, qui constitue comme une sorte de synthèse des courants ayant parsemé les musiques électroniques des vingt dernières années.
Démontrant une science aiguë de la rythmique, toujours efficace sans être pesante, l’Anglais y prouve surtout qu’il possède un sens manifeste de la mélodie électronique touffue, légère et virevoltante (Microtron, Post Arctic Industries, Neon Sky Rain). Tout au long de ce disque jouissif et long en bouche, on est happé dans un tourbillon de couches sonores qui ne se font aucunement ombrage mais au contraire se répondent en cadence. On pourra rapprocher ces pièces imparables de Multiplex, EU ou Alexandroid, par exemple, ainsi que de l’excellent album de Vesna paru l’an dernier.
Les tempos et sonorités sont suffisamment variés pour qu’aucun des 12 morceaux qui émaillent ce dense voyage de 73 minutes ne lasse l’auditeur. Ça et là, un filet de voix vient rehausser le propos (Melodies and Memory, au potentiel de single electronica-pop). Le disque débute par le délicat City Lights From a Train, dans une veine impressionniste et contemplative que l’on retrouvera sur le subtil Empty Buildings, Falling Rain et sur l’onirique et soigné Capsule for One, avec ses notes mélancoliques égrenées, où se ressent l’influence des vétérans Orbital. Il en va de même, dans une autre veine, de Boulevard, probablement la pièce maîtresse de l’album avec ses dix minutes de pur bonheur faites d’une ample nappe, d’une rythmique chaloupée très électro-pop et d’un fifrelin mélodique aérien sur lequel la charmante et dynamique Ewo, du collectif bruxellois Plexiphonic (organisateur du concert marquant évoqué plus haut) vient poser un filet de voix.
Ce beau voyage électronique se clôt par l’Aphex Twin-ien To the stars..., nous pointant vers la destination à atteindre au terme de l’un des joyaux electronica de 2005, année finalement assez peu fournie en sorties véritablement marquantes dans cette mouvance, pour ce que l’on a pu en juger jusqu’ici. A ce titre, on le rapprochera par exemple de Silenced, retour très réussi de Black Dog, parrains du style s’il en est.
Album percutant et convaincant de bout en bout, Capsule For One achève de nous convaincre du talent de son auteur que l’on s’attachera à suivre de près à l’avenir.
le 13/01/2006