(Carte Postale Records / Import)
25/06/2005
Electronique
Changement de style par rapport au disque joliment travaillé d’ANALEPT sorti un mois auparavant. Le Liégois Jonathan Burnay, l’une des toutes dernières signatures de Carte Postale, nous invite ici à plonger dans un univers électronique personnel, onirique et assez envoûtant. Le disque se compose de cinq longues pièces dans lesquelles on peut prendre le temps de s’installer en douceur pour mieux percevoir l’espèce de magie qui peut s’en dégager. L’electronica poétique et cristalline du Liégeois ne révolutionne certes pas le propos mais illustre un postulat qui nous est cher depuis longtemps : la musique électronique instrumentale est un profond vecteur d’émotions. Il peut s’agir d’émotions simples, de petits instantanés de vie, allant de l’introspection évolutive d’une divagation champêtre prolongée (les douze minutes du morceau-titre qui ouvre le disque sont à cet égard une belle réussite, puissamment évocatrice) à la légèreté d’une discussion enjouée pleine de promesses (L’emménagement).
Le choix des titres des compositions peut également révéler une partie de l’état d’esprit que leur auteur essaie de transmettre. Si on rapproche ce disque de celui d’ANALEPT, on trouvera d’un côté des comptines plutôt abstraites et désincarnées et de l’autre des vignettes ancrées dans le quotidien. Les titres sont à l’image d’une musique qui, ici, gagne en simplicité touchante ce qu’elle perd peut-être un peu en virtuosité. Sur La fille inconnue, Jonathan Burnay revient à ses premières amours, la guitare acoustique, avant d’accélérer le propos comme s’il pressait le pas pour ne pas perdre de vue la demoiselle en question. Après un Magnétophone un peu en demi-teinte, le propos se clôt dans la douceur ouatée et réverbérée de Nous savons, particulièrement convaincant lorsque la rythmique est remisée au placard au profit de passages paisibles et limpides.
Au final et malgré d’inévitables erreurs de jeunesse, on a pu entreprendre avec ce disque - tout comme avec celui de Kingfisherg que le label sortira quatre mois plus tard - un bien agréable et apaisant voyage au pays des songes et des divagations nocturnes. Les mélodies, simples et belles, prennent heureusement le pas sur une rythmique parfois un peu bancale et presque perturbatrice. Souhaitons que le musicien liégeois, indubitablement inspiré et doté d’un univers intérieur riche, persévère sur ce bout de chemin que nous avons pris un réel plaisir à parcourir en sa compagnie.
le 15/01/2006