(Nowaki)
00/10/2005
Electronique
Tout droit sorti de l’école des Beaux Arts de Toulouse, on voit là déjà une certaine logique à retrouver Aymeric De Tapol sur Nowaki, label d’un ex-Toulousain : Won. Une cinquième référence assez surprenante, beaucoup plus expérimentale que les précédentes, et qui demandera un peu plus de temps afin de se l’approprier.
Le premier titre ne dure même pas une minute et se compose de bribes de voix, de silences surtout. Expérimental et abstrait, ce Hum ! n’est qu’une introduction à l’univers de cet artiste qui se racle un peu la gorge avant de prendre la parole, timidement. On enchaîne avec Désert bleu, une pièce de... 15 minutes !! On est alors dans le registre de l’ambient expérimentale, pas très loin de la musique concrète, du collage et de la manipulation d’ondes sonores. Ambiance moite, des murmures inquiétants du style "I’m really scared", des ondulations, coups de basse, souffles, petits tintements de timbale, ondes radio et montée de tension par superposition de drones. Une pièce qui prend forme et s’installe véritablement sur la longueur et demandera à l’auditeur une certaine capacité à l’abandon. La suite est un peu plus complexe : le chaos semble venir perturber les petites mélodies de Comète dans l’herbe, mais une boucle nous sert de guide et donne le tempo, comme sur 242 . pop up. La deuxième partie de Désert bleu se fait narrative sur des souffles grésillants, et des voix apparaissent régulièrement, quelles soient déformées et incompréhensibles (Bancal Barsky) ou brutes, tel un field recording (L’enregistrement).
La deuxième partie de l’album apparaît plus mélodique, et donc plus facile d’accès. Multicouche donne l’impression d’être un orchestre de klaxons filtrés au laptop, et se termine par une mélodie amusante digne d’un clavier des années 80. L’artiste se laisse d’ailleurs aller parfois à des pièces un peu plus légères, voire franchement ludiques et sautillantes à l’image de Toytoy 24 et +. Cela restera toutefois anecdotique, on reviendra aux collages et sculptures sonores sur un Trainsposing très organique, avec ronronnements granuleux, gazouillis d’oiseaux électroniques, clicks réguliers, sifflements de laptop, et souffles avant de conclure par quelques notes de guitare. Même genre de traitement sur Little Palabre qui se termine quant à lui par des enregistrements de chants africains, ambiances de rue et gongs.
Pour terminer sur une note positive, une magnifique pièce ambient avec 7/1 première voiture travelling, boucle en fond sonore, et douce mélodies aux teintes un peu psychédéliques. Enfin, Et puis s’en va permet de conclure avec humour, soit un clin d’oeil au premier titre du CD.
Le temps de faire cette chronique n’aura certainement pas été suffisant pour appréhender l’ensemble de ce disque qui, encore une fois, demandera à l’auditeur un certain état d’esprit. Hétéroclite, parfois très conceptuel puis presque sautillant, Klingelt est certes une oeuvre de qualité, mais Aymeric de Tapol un artiste que l’on préférerait certainement en concert.
le 12/01/2006