Sickoakes

Première sortie Type de l’année (après une année 2005 marquée entre autres par l’excellent album de Deaf Center), Seawards est également le premier véritable album (après un long-format disponible uniquement en libre téléchargement) de Sickoakes, sextet suédois amateur d’un post-rock qui ne dépare pourtant pas sur Type, label ouvert à bon nombre de genres musicaux.

Réparti en quatre morceaux de moins de cinq minutes, deux d’une dizaine de minutes et un de vingt-deux minutes, Seawards surprend déjà par sa structure alors que, sur le plan musical, le groupe nous propose un post-rock évocateur et, par moments, des passages plus ambient (à l’image du titre d’ouverture Driftwood et son atmosphère maritime : cris de mouettes, bruits de vagues). Mais l’essentiel du disque est donc composé de titres où deux guitares tissent d’imparables mélodies tandis que la section rythmique structure le tout, qu’un Glockenspiel intervient en soutien des guitares et que deux saxophones interviennent au mi-temps des morceaux pour éviter de sombrer dans une répétition qui poignait. Au reste, au-delà de cet emploi, ces cuivres remplissent également un important rôle dans la volonté inspiratrice du groupe : évoquant les sirènes de bateau (Taking the Stairs Instead of the Elevator) ou une tendre mélancolie (Oceans on Hold). Par ailleurs, la bonne intégration de dialogues de films permet aussi à Sickoakes d’éviter de verser dans le radotage.

Certes pourrait-on objecter que cet agencement n’est guère novateur et que ce type de post-rock connaît déjà de nombreux adeptes et que plusieurs formations interviennent déjà dans ce domaine ; ce ne serait nullement infondé et quelque peu légitime. Néanmoins, il convient de souligner que si la formation suédoise ne renouvelle en rien le genre, elle est tout à fait capable de nous surprendre comme dans Oceans on Hold qui, après deux minutes apaisées (saxophones lointains, batterie au ralenti, guitare opérant dans un lent trémolo), bascule sans prévenir dans un post-rock aux six-cordes échevelées avant de revenir à des atmosphères moins enlevées. De même, Sickoakes convainc dans un registre épique (guitares légèrement saturées en avant, batterie quasi martiale) dans les deux derniers tiers de Wedding Rings & Bullets In The Same Golden Shrine (Part II). Par conséquent, Seawards se révèle être un album tout à fait plaisant mais probablement à réserver aux amateurs du genre, désireux de découvrir un nouveau groupe, non à ceux qui estiment que tout a déjà été dit en la matière.

François Bousquet
le 20/04/2006