(City Centre Offices / La Baleine)
20/03/2006
Electronique
Trois ans et demi après un premier album qui ne nous avait pas entièrement convaincu, Dictaphone revient, fidèle à City Centre Offices, avec un nouveau long-format, Vertigo II, qui intervient après un 12" (Nacht) et des prestations scéniques qui avaient nettement plus nos faveurs.
Alors qu’au moment de M. = Addiction, Dictaphone était plutôt présenté comme l’œuvre d’un seul homme, Olivier Doerell, accompagné sur près de la moitié des pistes par Roger Döring, ce second album semble être le résultat d’un véritable travail en duo. Est-ce cette conception nouvelle de Dictaphone qui fait de Vertigo II un disque incontestablement plus réussi que son prédécesseur ? Cela doit certainement y contribuer mais il ne s’agit sûrement pas de la seule et unique raison. En effet, si la clarinette ou le saxophone de l’Allemand sont présents sur tous les morceaux, un piano est également convoqué (Rising Minimal) tandis que les éléments électroniques (glitchs, rythmiques) sont encore plus travaillés (voir The Last Song et ses strates superposées), revêtant même par moments, par capillarité, des contours jazz (Night Rain). Pour autant, cette instrumentation plus riche ne verse jamais dans la surenchère, sachant trouver le juste point d’équilibre (là où le premier album pêchait parfois par trop d’ascèse).
Utilisant des samples de films (on retrouve ainsi la voix de Jean-Pierre Léaud au début de K 1), Dictaphone trouve la parade à l’absence de voix (on se souvient du spoken-word de Maika Spiegel sur M. = Addiction) en ancrant, dans le même temps, sa musique dans une sorte d’atemporalité très étudiée. Il ne faut toutefois pas s’imaginer Vertigo II comme un album purement cérébral, incapable à “déchiffrer” directement, nécessitant plusieurs écoutes avant de se dévoiler. En réalité, il s’agirait plutôt d’un disque immédiatement agréable par la présence des vents et cuivres (Ytinav, Le Chasseur (Danke)), voire d’une guitare soyeuse (The Frame (I-94-I)), ou certaines de ses mélodies électroniques (la fin de The Last Song) tout en requérant une certaine attention afin de correctement prendre la mesure de toutes ses composantes. Tout à fait le genre de disque que l’on prend plaisir à écouter et vers lequel on reviendra sans nul doute ; une belle réussite en somme.
le 20/04/2006