(Ahornfelder / Import)
20/04/2006
Electronique
Revoici le jeune japonais (25 ans, et déjà son troisième album) qui après Smalltown Supersound et Audiodregs se retrouve sur la structure allemande Ahornfelder, label n’ayant pas de genre musical de prédilection, mais plutôt une ligne directrice tournant autour du minimalisme, de l’absence de construction, de l’environnement sonore. On comprendra alors un peu mieux comment Yuichiro Fujimoto se retrouve sur ce label.
La démarche du Japonais pourra surprendre. Pourtant, un petit détour par son site internet permet de mieux comprendre celle-ci, de trouver la cohérence qui uni ses dessins enfantins, ses photos floues comme des souvenirs d’enfance, et sa musique d’une simplicité remarquable, habillant des enregistrements d’ambiance. Simple, trop simple diront certains, pouvant trahir également un manque de maîtrise de ses outils de création. On n’aura pourtant pas tout à fait cette impression avec ce nouvel album. On croit entendre Yuichiro Fujimoto dans sa maison de vacances, chez ses parents, dans le jardin avec ses petits cousins qui s’amusent, et sa musique donne une impression d’atemporalité, de transposition de sons d’aujourd’hui, dans un passé, réel ou imaginaire, de l’artiste.
Ainsi les field recordings servent régulièrement de matériau de base : des voix d’enfants, les roues d’une bicyclette, des pas dans les graviers (Listen to November Steps), des chants et piaillements d’oiseaux, une ambiance d’alpages avec cloches, moutons, oiseaux et chien sur le justement nommé Birds, Cows, Dogs and Bells. Ambiances bucoliques donc (le titre de l’album pouvait le laisser présager), mais History of Dreams "sonne" plus urbain puisqu’on imagine l’artiste en ville, dans sa chambre, s’enregistrant en train de composer un nouveau morceau, la fenêtre ouverte avec les voitures qui passent, son téléphone qui sonne... On ne saura faire la part des choses, entre enregistrement in situ ou montage a posteriori, mais le résultat est souvent surprenant, donnant réellement l’impression d’écouter l’artiste dans son jardin, après y avoir installé son piano.
Ici, pas de mélodies au sens classique où on l’entend, mais des notes qui se suivent, qui se perdent, parfois espacées de longs silences, une guitare, un mélodica, un xylophone, un harmonica et presque toujours une simplicité qui pourra gêner, une certaine naïveté. Aussi, dans le lot, on préférera le très beau Fruit Shapes, avec une guitare beaucoup plus expérimentale que d’accoutumée, à la fois douce et secouée d’élans nerveux.
Inclassable, entre folk enfantin et field recordings, la musique de Yuichiro Fujimoto est faite pour tous les rêveurs nostalgiques.
le 30/04/2006