Exchpoptrue

Après avoir chroniqué GD Luxxe il y a quelques jours, voici Exchpoptrue pour rester scotché aux années 80, à une pop légère et synthétique. Si GD Luxxe est revenu sur son dernier album à un mélange plus complexe entre électronique et esprit post-punk, le trio français reste bien ancré à une électro-pop, italo-disco, ou tout ce que vous voudrez d’immédiat, dansant, festif.

C’est bien vrai, EtherREAL est trop sérieux, il était temps d’aérer tout ça. Quoi que... les habitués des soirées Büro, pourtant éminemment sérieuses, connaissent forcément Exchpoptrue, notamment depuis l’orientation "club" de cette association organisatrice de concerts pointus. Si Exchpoptrue n’est pas aussi pointu mais plutôt turlututu, le décalage de leur ton, leur attitude au sein de la sphère musico-spatio-temporelle actuelle les place finalement en marge des productions calibrées du moment. Quoi que...
Le cas est en effet assez difficile à appréhender. On peut comprendre qu’une célèbre marque d’eau minérale ait choisi le titre d’ouverture, Lost and Found pour une de ses publicités plutôt qu’un titre de Discom. Il est d’ailleurs vrai que l’écoute d’Autofan vous permettra de faire le plein de vitalité, mais on reste loin d’un numéro 1 au Top 50, sauf peut-être un numéro 1 en 1986.

Exchpoptrue, ce sont des synthés analogiques et/ou cheap pour des mélodies légères, aériennes, sautillantes. Ce sont ensuite des basses tour à tour ronronnantes, acides, ou plus subtilement acidulées sur Ugly ’ Pop. Les rythmiques quant à elles sortent de boites à rythme cheap, basiques, prévisibles, efficaces et sautillantes pour entraîner les danseurs potentiels dans un tourbillon sans fin. Pour finir, les voix, sont plus scandées que chantées, dans un anglais au fort accent frenchy histoire d’assumer le décalage avec la production parfaite, en allemand (Disco Raus) ou même en italien afin d’affirmer le lien de parenté avec toute la vague italo-disco des années 80.
Le résultat est séduisant, accrocheur, et ravira tous les jeunes trentenaires, ne serait-ce que part nostalgie et auto-dérision, tout en y retrouvant quelques clins d’oeil amusant (Underworld sur Disco Raus, la surf music sur Brasil). Sur le fond aussi, Exchpoptrue joue sur le décalage, entre des musiques légères et des textes qui peuvent être le reflets d’inquiétudes actuelles (Afraid) tout en restant sur le registre de la dérision, mettant en parallèle la peur des araignées et des armes chimiques, ou étalant ses aventures sexuelles sur une chanson intitulée "pilule du lendemain" (Morning After Pill).

Autofan, c’est un peu le disque d’electro-pop parfaite, le genre de disque qui vous fait tout oublier, vous donne envie d’aller danser, de faire la fête. La musique est faite comme elle doit être "consommée", sans se prendre la tête, simple et directe.

Fabrice ALLARD
le 21/05/2006