Matthew Rozeik

Découvert sur la compilation MP3 de Cactus Island, on avait depuis retrouvé Matthew Rozeik sur des splits CD avec Ylid (sur Awkward Silence et, très récemment, sur Static Caravan). C’est précisément le morceau présent sur cette compilation qui se voit ici remixé par onze artistes, choisis parmi les plus intéressants de la scène electronica, pour cette nouvelle sortie en libre téléchargement d’Highpoint Lowlife.

AJ Cookson débute en insistant sur la rythmique martiale du titre initial (une véritable batterie est même ajoutée) et en développant le monologue samplé qui se mute progressivement en chant filtré. Croisé sur Static Caravan, D_rradio met l’accent sur la guitare acoustique digitalisée et les cordes pour un résultat soyeux tandis que Bauri, sans véritablement choisir entre electronica mélodique et IDM, se fait relativement quelconque. À moitié convaincant, Nadir œuvre dans un registre electronica ultra classique (nappes, rythmique non agressive, passage avec sample vocal) mais peine à se renouveler sur la longueur (son remix dépassant les neuf minutes). Maps & Diagrams mêle plages granuleuses et pulsations réverbérées et espacées pour un travail où, une fois n’est pas coutume, la mélodie est quasiment expurgée. Également privé de véritable piste mélodique, le remix de Joshua David Richardson table sur des rythmiques sonnant comme des explosions pour mettre en place une ambiance anxiogène.

Fort logiquement, le compère attitré de Matthew Rozeik, Ylid, trouve sa place sur cet album pour un travail peu emballant où il se risque au chant et à des arrangements “bricolés”. Fidèle à son instrument de prédilection, Yellow6 intègre deux guitares au titre d’origine : la première, saturée et lointaine, opère dans la pure tradition shoegazing tandis que la seconde, en arpège et au premier plan, joue sur le contraste avec des rythmiques plus torturées. Après un remix banal de Richie Phoe (pulsation plan-plan, changements minimaux par rapport au morceau original), The Boatswain emporte l’adhésion en tirant Oh Lord, Please Give Me Another Brain vers une electronica-shoegazing apaisée : guitare réverbérée alanguie, atmosphère élégiaque et agencement instrumental impeccable. Enfin, Tom Mansi nous réserve une petite surprise en bout de disque avec une reprise country du titre de Matthew Rozeik où tous les ingrédients caractéristiques du genre sont présents : guitare slide, voix rocailleuse, contrebasse frappée, clappements de mains.

Une façon décalée et inattendue de clore un album où, comme à chaque fois pour ce type de disque, il faut piocher selon ses envies et préférences, conscient de l’hétérogénéité de l’entreprise.

François Bousquet
le 18/05/2006