Syntaks

Alors que Manual, son compère de Limp avec lequel il avait sorti un album sur Darla il y a deux ans, est revenu, avec son récent album, à une electronica plus proche de l’ambient, Syntaks persiste sur le terrain de l’electronica-shoegazing à l’occasion de son premier long-format solo.

Ainsi retrouve-t-on sur Awakes des nappes évanescentes de synthé, des traits de guitares réverbérés (avec la participation, à cet instrument, précisément, de Jonas Munk), des climats à la fois aériens et lyriques, voire, sur quelques pistes, les voix féminines de Maja Maria (déjà à l’œuvre sur trois disques de Manual) ou Anna Cecilia. Si l’alliage est connu et peut procurer autant de moments satisfaisants (les envolées enivrantes du morceau-titre) que de passages plus délicats, se perdant dans une surenchère un peu surannée ou utilisant des sons pas franchement emballants (les synthés de Big Sur), il faut savoir gré à Jakob Skøtt de ne pas se contenter de reproduire les formules utilisées depuis quelques années par Manual.

En effet, l’intégration d’éléments électroniques plus acérés (ces sonorités métalliques et ces ambiances tourmentées dans Kilgore Lives, une note saturée en arrière-plan du morceau-titre, une rythmique travaillée dans Respirator Birth) permet à Syntaks de développer sa personnalité propre et de sortir un petit peu de l’ombre tutélaire de Jonas Munk (ce qui n’était pas gagné compte tenu du style musical choisi ou de la pochette, nouvelle variation sur un soleil couchant avec des palmiers).

Ainsi, malgré le postulat de départ peu évident à gérer, le Danois livre un album de bonne tenue même si on n’accède pas encore ici aux sommets qu’ont su atteindre Manual par moments ou Limp.

François Bousquet
le 17/06/2006