(Planet Mu / La Baleine)
22/05/2006
Electronique

Il y a quelques semaines à la Cité de la Musique se produisait Guilty Connector, artiste japonais oeuvrant dans le registre noise. C’est donc avec une certaine surprise qu’on le retrouve aujourd’hui chez Planet Mu, label qui reste très électronique mais qui ouvre sans cesse son champ d’exploration.
On avait déjà écouté ce disque avant le concert, et c’est donc avec celui-ci que l’on découvrait Guilty Connector. Un peu méfiant vis à vis d’un album noise, Beats, Noise & Life s’avère en fait être une excellente surprise dans le mesure où on trouve ici autre chose que des textures de bruit blanc, avec une réelle construction des morceaux.
Le disque débute en effet par des field recordings, mélange d’ambiance urbaine (train, sirène) et rurale (canards), avant la déferlante sonore qui apparaît comme la catastrophe annoncé par le signal d’alarme. L’autre composante de la musique de Guilty Connector est un goût prononcé pour les cut-up : texture qui s’arrête net pour laisser place à cette même sirène, coupure nette pour laisser place à une tonalité linéaire (Cosmic Conspiracy), retour au calme, au silence presque, après une oscillation grésillante pour mieux surprendre avec une nouvelle texture bruitiste.
On pourrait aligner toute sorte de comparaison avec des artistes travaillant la matière brute, à commencer par Pan Sonic sur l’intro de Nishi-Ogi Punk Waste aux basses saturées savoureuses mais aussi toute la vague industrielle de part les sonorités utilisées, entre tôles froissées et saturation. Plus surprenant, l’usage régulier de drones fait aussi son effet, menaçant, avant l’orage (Asagaya Crystal Crypt). Et quand tout ça se mélange, c’est un véritable bonheur puisque tout prend son sens dans une véritable construction contemporaine électro-acoustique où le bruit devient un instrument au même titre qu’une guitare sur le morceau titre qui conclut l’album.
Beats, Noise & Life est tout à fait représentatif du travail de Guilty Connector dont on a depuis écouté quelques uns de des albums précédents. Noise certes, mais pas que. De fait, cet album à des arguments pour plaire à ceux qui ne sont pas forcément fan de noise, mais qui n’ont rien contre. Un artiste à découvrir.
le 14/07/2006