Spiderwebs / M. Tamburo & M. McDowell / K. Lawler

Avec ce quatrième volet, la Triptych Serie de The Music Fellowship, dont on n’avait pas de nouvelles depuis un an et demi, quitte le post-rock des trois premiers disques pour s’orienter vers cette scène free-folk états-unienne en pleine lumière depuis quelques années. Le principe reste par ailleurs le même puisque Strands Formerly Braided propose de présenter trois artistes ou formations différentes pour un temps sensiblement équivalent (vingt-quatre, vingt-trois et trente minutes respectivement)

Les deux titres qui débutent le disque sont l’œuvre d’un nouveau duo : Spiderwebs, formé par Sandy Ewen et Tom Carter (Charalambides). Les guitares triturées, parfois mélodiques (New Zodiac), parfois à la limite du larsen ou de la saturation (Powderfinger), sont évidemment à l’honneur sur ces morceaux donnant à la fois l’impression d’être largement improvisés tout en bénéficiant pourtant d’une véritable structure propre.

Place ensuite à Matthew McDowell (membre d’Arco Flute Foundation) & Mike Tamburo (membre d’Arco Flute Foundation et Meisha, formations ayant déjà sorti des disques sur The Music Fellowship). Là encore, c’est un free-folk apaisé qui est proposé avec des accords pincés de guitare au premier plan et une note tenue au second. Passé le premier tiers de l’unique titre du duo (The Uncontrollable Mr. Lechte), un drone aux contours cristallins se met en place, formant une texture paraissant aussi bien trembler de froid que bruisser sous les effets d’un soleil régénérateur. Dans le dernier tiers, les instruments se font plus enjoués pour un final alt-country (guitare pedal steel, harmonica), témoignage de la capacité du duo à œuvrer dans plusieurs styles différents.

Croisé aux côtés de Pelt ou de Matmos (il jouait sur un des titres de The Civil War), Keenan Lawler propose pour sa part un morceau (Life Expectancy of a Rose) divisé en trois pistes où il joue simplement de la guitare « steel resonator », tantôt à l’archet, tantôt en finger-picking, tantôt à l’aide d’un bottleneck pour un résultat parfois un peu répétitif (le milieu de la deuxième plage) mais qui réussit à s’extirper de cette ornière quand le musicien intègre une percussion en frappant son instrument. Capable de faire sonner sa six-cordes comme s’il y en avait plusieurs, Keenan Lawler peut également lui faire prendre, dans la troisième piste, une consonance quasi-hypnotique avant de revenir à plus de calme au bout de cette demi-heure.

François Bousquet
le 24/07/2006