(Baskaru)
22/06/2006
Electronique
(etre) / Baskaru / Electronica / Glitch
Baskaru est un jeune label français, et cet album de (etre), sixième référence du label, est notre premier contact avec celui-ci. Étrangement, presque tous les artistes signés sur Baskaru sont italiens, et (etre), projet de Salvatore Borelli n’échappe pas à la règle. Membre du collectif italien iXem (Italian eXperimental Electronic Music), Salvatore Borelli se lance en solo avec (etre) et ce premier long format physique après quelques apparitions sur divers netlabels.
Avec son titre concept sur l’univers de l’entreprise et le travail, avec son nom de projet mis entre parenthèse, (etre) nous inquiète. Pourtant il n’y a pas de quoi. Le concept est peut-être là, mais il peut aussi être mis de côté pour laisser la musique s’exprimer au profit des émotions.
La méthode de composition est souvent la même, basée sur des boucles instrumentales généralement acoustiques, et souvent à base de guitare, qui se répètent de façon chaotique. En effet les machines interviennent, et déstructurent cet ordre établi, cassant le tempo, détériorant ces samples mélodiques juste comme il faut pour apporter variation et une impression de mouvement perpétuel. Musicalement, le résultat peut être très différent d’un titre à l’autre, suivant que la boucle utilisée soit un sample de batterie (From the parallel line, before and after me), des accords ou mélodies de guitares (Dogs from my childhood : multiple white), une sorte d’orgue et un piano en fin de Don’t ask me why rain becomes hail, ou encore un banjo apportant une petite touche folk (And you are free in the icon of neurotic realism).
Sur tous ces morceaux, Salvatore Borelli parsème quelques artefacts numériques, gargouillis électroniques, vocalises trafiquées, une rythmique binaire judicieusement placée en arrière plan, vrombissements de basses, effet de disque rayé. Le résultat est toujours étonnant, en mouvement perpétuel, comme si la caméra bougeait sans cesse de façon désordonnée tout en restant sur le même sujet. Le mélange d’acoustique et de textures numériques nous fait quant lui penser à Tim Hecker ou certaines productions de Dwayne Sodahberk.
D’un autre côté (etre) s’essaye à des constructions plus complexes, des découpages sévères rendant quelques pièces plus abstraites ou proche d’une musique concrète : travail sur les voix sur ____________________ et poésie sonore avec What are we doing here ?
Les amateurs d’ambient trouveront enfin leur bonheur avec trois magnifiques pièces. Ambient-noise, construite sur ces mêmes textures granuleuses qui hantent l’ensemble de l’album, noise poppy à la manière d’un Fennesz (période Endless Summer) sur When you cry for the first time on this earth, ou ambient plus épurée avec une boucle électronique hypnotique parsemée de bruitages électroniques et une voix régulière venue d’un pays de l’est (Considering the hypnosis of the stone).
A post-fordist parade in the strike of events est un disque assez étonnant, mystérieusement envoûtant, chaleureux, et tout à fait accessible. Rien de révolutionnaire ici, mais l’ensemble révèle un travail cohérent et fort bien mené.
le 16/08/2006