Balún

Balún est un groupe portoricain que nous avons évoqué récemment puisque ce trio est centré sur la jeune Angélica Negrón, qui oeuvre en solo sous le nom de Arturo en el Barco. Après un premier album chez Sgulp ! Discos, les voici signés chez Brilliante Records, label basé à Chicago dont c’est ici la 20eme référence, et sur lequel on trouve d’autres portoricains : Superaquello.

Alors que l’on s’attendait à un projet franchement pop avec Balún, on se retrouve ici avec un projet à situer entre de la pop et le projet electronica d’Arturo en El Barco. L’electronica y est ici généralement légère, les mélodies bien présentes et même souvent faciles, et l’intérêt de cette formation est plus à situer au niveau du mélange d’électronique et d’instruments, avec guitare, piano, violon ou accordéon. L’album est en majeure partie instrumental, mais parfois Angélica Negrón pose sa voix, douce et feutrée. Balún se place alors dans la droite lignée de Múm, avec ce même mélange d’électronique et d’acoustique, la même tonalité, et une voix qui ne manquera pas d’évoquer les soeurs Valtýsdóttir. Bien sûr, Balún vient de Porto Rico, et peut-être est-ce l’effet du soleil, mais Something Comes Our Way fait montre d’une certaine légèreté qui, si elle est assez justement dosée, pourra tout de même parfois, en fin d’album notamment, lasser ou faire passer quelques titres pour mièvre.

Outre une intro et un interlude un peu plus expérimentaux, basés sur des boucles d’hésitations mélodiques, on est donc en terrain balisé, rassurant, et immédiatement plaisant. Electronica mélodique, lumineuse et gentillette (A Surprise), électro-pop sautillante et enlevée (People dont l’originalité réside dans ses deux breaks soutenus par la batterie) ou douce-amère lorsque l’on est au plus proche de Múm (Be Careful When You Walk, Disappearing Act), et se laissant aller à la facilité sur Moving Pictures aux mélodies enfantines.
Sortant un peu du lot, se faisant remarquer par un surplus d’originalité, on notera They’re Calling Us et surtout Snol pour leurs guitares à la Cocteau Twins et les voix complètement noyées, le tout en version plus électronique. Avec I Shouldn’t Do This, on se rapproche de l’ambient, mêlant nappe électronique et arrivée progressive d’une mélodie d’accordéon. Pour finir, on s’attardera un peu sur Everything’s Alright, uniquement composé de tintements (xylophone, vibraphone, glockenspiel, etc...) à peine traités par ordinateur.

Something Comes Our Way est globalement très plaisant, parfois même très fin, mais pourra aussi lasser sur la longueur ou sur quelques titres un peu plus faibles. On continuera la comparaison avec Múm en disant que cet album est à situer en terme qualitatif entre le début de carrière des islandais et leur situation actuelle. Il en aurait peut-être été tout autrement si cet album était sorti en 2000, alors que Múm présentait son premier album.

Fabrice ALLARD
le 30/08/2006