(Karate Joe / Import)
00/06/2006
Rock
Ambient / Karate Joe / Pendler / Pop / Post-Rock
Pendler est une nouvelle formation qui voit le jour autour de divers artistes proches, ou déjà engagés chez Karate Joe. Afin de replacer ce label autrichien, nous rappellerons que les artistes que l’on y trouve oeuvrent dans un registre assez large, allant de la pop déviante à l’ambiant, avec pour dominante des expérimentations post-rock et post-pop. C’est principalement dans cette dernière catégorie que l’on situera ce premier album de Pendler au vocabulaire musical assez large.
L’instrumentation est bien issue du rock avec cette superposition de guitares, de drones dessinant un territoire désolé. Une voix, des choeurs font leur apparition dans un chant doux, feutré, alangui, et des boucles hypnotiques enveloppent l’espace. You Come est une sorte de berceuse ambient-pop savoureuse et prometteuse. On pénètre vraiment dans l’univers de Pendler avec Oh Yes et ses arrangements de guitares originaux. Ce pourrait être un très beau titre post-rock héritant en douce de Tortoise, jusqu’à l’apparition des voix, noyées, triturées, étouffées au profit d’une post-pop complexe où l’électronique s’immisce pour apporter une certaine richesse sonore alors que les guitares, tour à tour mélodiques et incisives rappellent l’héritage rock du groupe, au profit d’une sensibilité à fleur de peau.
On aurait été comblé si l’album avait gardé une telle tenue. Non pas que la suite soit mauvaise, loin de là, mais le ton change en milieu d’album, le tempo se calme, les voix semblent exténuées, Good Job sonne comme du blues, dérangé comme du rock et, comme pour confirmer un certain attachement à la culture noire-américaine, le trio nous offre une reprise d’un classique du gospel avec The Saints dans une version post-rock incisive tandis que Cathy Anger et son spoken word monocorde nous fait plutôt penser à Tarwater.
Les deux derniers titres nous permettent de retrouver une certaine vigueur, une certaine énergie, tout en renouant avec l’efficacité pop. On se demande par exemple si le refrain de Nonono n’est pas tiré d’un chant populaire tellement il nous semble évident. Les guitares dessinent des atmosphères post-rock assez typiques tandis que ce refrain répétitif, entêtant, est la marque d’un tube pop. Schrei-ben enfin permet de finir dans une certaine légèreté, une électro-pop à fredonner en choeur malgré son découpage de voix enfantines et maniérées.
You Come To Me est un bel album que l’on trouvera d’ailleurs un peu trop court (8 titres pour 38mn). Le style est tout à fait personnel, et l’ensemble fait preuve d’une indéniable richesse. L’orientation blues à mi-parcours pourra quant à elle surprendre mais pourrait aussi séduire un nouveau public.
le 04/09/2006