(Moteer Records / Import)
11/09/2006
Rock
Il y a quelques mois, nous évoquions dans ces pages la vitalité de la scène post-rock-slowcore australienne ; alors qu’on a déjà également croisé quelques artistes australiens electronica (le duo Clickits notamment), c’est une formation pop que l’on découvre aujourd’hui : Minimum Chips. Regroupement de morceaux piochés parmi deux EP sortis précédemment en Australie, Lady Grey paraît sur Moteer, label développant précisément un fort tropisme envers l’ “île-continent” (via Clickits évidemment, mais aussi Part-Timer, le projet solo d’un des membres du duo, dont on attend l’album pour les semaines à venir).
Proposant une pop marquée par la rencontre entre jeu de guitare un peu saccadé, accords d’orgue et voix féminine légèrement nonchalante, le quatuor enchaîne les quatre premiers titres de manière relativement similaire, ne convaincant pas réellement. Heureusement, dans Eating Out, Know You Too Well et Trouble Free, les guitares se saturent et l’environnement musical se modifie quelque peu (une voix masculine opérant, par exemple, dans le dernier titre mentionné), laissant espérer que poigne une personnalité propre au groupe. Pourtant, dans les autres morceaux, les atmosphères du début du disque reprennent le dessus, dans un décalque de ce que d’autres formations ont pu nous offrir. À ce titre, la voix de Nicole Thibault et l’utilisation qui en est faite n’aident pas vraiment Minimum Chips à se départir de groupes voisins, empruntant les mêmes tics vite lassants (abus des vocalises, chant souligné par un instrument à la même ligne mélodique, filtre faisant apparaître la voix comme très éloignée). Impression identique en ce qui concerne les mélodies (gentilles, parfois un peu mièvres), l’instrumentation (sans risque) et la structure des morceaux (couplet-refrain-couplet-refrain-couplet instrumental-refrain dans la majeure partie des titres).
Pas désagréable, Lady Grey déçoit néanmoins car il n’apporte pas grand chose d’intéressant, respectant bien sagement les canons du genre et ne s’aventurant jamais vers d’autres territoires. Cela dit, on sera indulgent car il ne s’agit pas ici d’un véritable album mais d’une sélection de morceaux présents sur deux EP du groupe, espérons qu’au moment de passer au format long, Minimum Chips saura sortir de ces ornières. Quant à Moteer, force est de constater que ce disque constitue la première référence du catalogue à ne pas emporter notre adhésion (après cinq sorties de très haut niveau : le 12" et l’album de Clickits, le premier disque de Manyfingers et les deux albums de The Boats), gageons que l’album de Part-Timer remettra le label de The Remote Viewer sur de bons rails.
le 14/09/2006