Ryan Teague

Une quinzaine de mois après Six Preludes, EP plutôt convaincant même s’il nous empêchait, par sa brièveté, de véritablement se prononcer sur la valeur de Ryan Teague, le jeune Anglais livre son premier long-format, sur Type bien évidemment.

Après l’introduction à sa musique que constituait le disque précédent, Coins And Crosses s’avère nettement plus ambitieux avec, notamment, la présence d’un orchestre philharmonique complet et d’une harpiste. Dès lors, l’ensemble s’éloigne de l’ambient de Six Preludes pour se diriger vers un néo-classique où ce sont les instruments traditionnels qui occupent la majeure partie de l’espace sonore, laissant les bribes électroniques consteller l’arrière-plan (petits souffles, filtres, grésillements légers). Par moments même, on s’approche d’une sorte de musique concrète dans laquelle la recherche mélodique passe largement après la volonté de mettre en présence des éléments a priori peu compatibles. Par conséquent, et c’est plutôt regrettable car on ne doute pas de la sincérité de la démarche de Ryan Teague, on est parfois plus très loin d’une posture “chic”, voire d’une certaine prétention (la référence à la musique sacrée et à une forme de mysticisme héroïc-fantasy véhiculée par les vocalises féminines extatiques de Tableau I).

De fait, l’agrégat proposé par l’Anglais se révèle véritablement intéressant quand il mêle à égalité instruments réels et éléments synthétiques (Nephsech et son dialogue entre instruments cristallins et sons micro-électroniques, Accidia et la superposition cordes-textures tremblotantes, Seven Keys et sa juxtaposition piano-cordes-mini-explosions, Tableau II et son ambiance anxiogène), voire quand les composants électroniques prennent le dessus (Rounds, sa rythmique plus appuyée et son atmosphère ambient-electronica). En revanche, plus poseurs sont les titres dans lesquels Ryan Teague se contente de crescendi de cordes propres à apporter un caractère “cinématographique” faisandé (Introit, Fantasia For Strings).

Alors, certes est-il peut-être un peu facile de reprocher ce caractère trop ambitieux de Coins And Crosses, qui amène de temps à autre Ryan Teague à se perdre dans cette posture néo-classique, car il faut toutefois saluer ici la volonté de recherche musicale d’un tel album. Pour autant, le disque nous laisse plutôt partagé, écartant cependant toute suspicion de malhonnêteté compte tenu du parcours antérieur du Britannique.

François Bousquet
le 14/09/2006