V/A

Netlabel dont nous ignorions l’existence jusqu’à présent, luv sound propose, pour sa onzième référence, une double compilation MP3 avec vingt-sept titres et fort peu d’artistes connus : l’occasion idéale donc pour découvrir à la fois cette structure et quelques musiciens.

On débute toutefois par un artiste déjà croisé dans ces pages, Opn, auteur en début d’année, d’un excellent EP MP3 sur Robotopera. Moins brillant ici, James Wallace offre un titre plutôt classique où une texture granuleuse va et vient alors que des bribes de voix sont disposées à l’arrière-plan. Première découverte ensuite avec Rain-Cloud (duo au sein duquel on retrouve Dominic Dixon, alias Talkingmakesnosense, qu’on avait évoqué à l’occasion d’un disque sur Benbecula il y a quelques semaines) et un titre où des entrelacs de guitare se mêlent gracieusement pour le plus grand plaisir de l’auditeur pendant qu’une petite rythmique structure le tout. Après un morceau peu intéressant de Mattin (explosions et larsens), place à une pièce plus ambient avec la participation d’Effacer, titre qui malheureusement, ne parvient pas à prendre toute l’ampleur nécessaire à la réussite d’une telle entreprise. En revanche, Tsukimono arrive à captiver en mêlant sonorités scintillantes et triturations bien que, sur les neuf minutes que durent Sing It To Me, l’ensemble ne soit pas entièrement convaincant. Autre belle découverte avec Sleeps In Oysters, duo britannique, et leur electronica-pop délicate, portée par un chant féminin et de graciles bruits d’eau. Enfin, pour clore ce premier volet, le duo Cremaster propose un long titre (vingt-six minutes) expérimental, mélange de larsens, éléments hachés et sonorités abrasives.

La seconde partie débute avec une version « extended » de Tendrils (Guitar Pickup), dernier morceau (et l’un des plus probants) de l’album de Gregg Kowalsky. Ambiance peu éloignée (ambient épurée, quelques frottements, jeu sur de légères saturations, bribes mélodiques) avec Bryan Teoh, Jeph Jerman, Munnin, Implex Grace et AllThatFall pour des résultats assez concluants. L’atmosphère se fait plus torturée dans le morceau de Nomad Palace, ses cut-ups et sa voix féminine morcelée, tandis qu’Inlets propose une sorte de folk lo-fi plutôt sympathique. Retour à des rivages plus abrasifs avec Ingrid, autre duo états-unien adepte de l’expérimental, avant de terminer par le remix par RF d’un titre du Trio Mopmu, ambient soyeuse idéale pour refermer cette compilation.

Deux très bonnes découvertes (Rain-Cloud et Sleeps In Oysters) et un niveau d’ensemble honnête (même si la seconde moitié souffre d’une trop grande homogénéité) : luv soud réussit son « examen de passage », on suivra donc probablement leurs prochaines parutions.

François Bousquet
le 14/09/2006