(Brume Records / Nuit & Brouillard)
00/11/2006
Electronique
On découvre Lith avec cet album, mais David Vallée n’en est pas à son coup d’essai car ses premières compos ont maintenant plus de 7 ans. Ce troisième album pressé (Lith est également auteur de quelques CDr) sort chez Brume, ce qui nous permet de tout de suite situer cet artiste que l’on découvre.
Il s’agit donc d’indus, ou plutôt d’un croisement electronica-indus comme on en trouve beaucoup depuis quelques années. Comme si l’indus avait trouvé un second souffle avec la vague IDM, gardant les rythmiques qui font sa particularité, lourdes et/ou métalliques, mais arborant de belles voire complexes déconstructions et autres effets de syncope, et ne boudant pas quelques mélodies sensibles. Le résultat est malheureusement souvent décevant d’un point de vue musical. Plaisant et plutôt efficace, mais n’apportant que très rarement quelque chose de nouveau.
Lith n’apporte pas grand chose de nouveau, c’est vrai, mais il se démarque de par la construction de ses morceaux et une sensibilité un peu trop rare dans ce style musical. Les rythmiques industrielles sont joliment construites, hachées comme si une machine s’enrayait (Katami), syncopées et s’emballant pour tourner comme un rouleau compresseur (Atmosphere), incorporant parfois quelques éléments ethniques (Huli). Ces percussions prennent d’ailleurs tout leur sens quand on replace l’album dans son contexte, Gaïa, la Terre. Le livret énumère quelques fléaux qui menacent notre existence : arme nucléaire, pollution, diminution de la biodiversité, destruction de civilisations anciennes, comme les Amazones. On trouvera d’ailleurs assez cocasse cette photo d’usine polluante dans un livret prévenant des risques de la pollution pour un projet de musique "industrielle".
Mais ce qui fait la particularité de Lith, c’est sa manière d’associer ces rythmiques indus à des nappes et mélodies ambient de toute beauté. Nappes de basses sur l’intro de Hiroshima avec ses chants asiatiques pour une ambiance à la Blade Runner, ou nappes plus soyeuses sur les magnifiques Forgotten Ethnies et Amazon, navigant entre ambient et indus.
Évitant tout systématisme, David Vallée essaye d’intégrer des sonorités acides qui confèrent un petit côté daté à Communicate, alors qu’elles sont parfaitement intégrées à Sentinelese, et il se fait un peu plus dur quand il utilise des bruits blancs ou souffles saturés (Communicate, Imperialism). On remarquera enfin des constructions mélodiques plus complexes, à rapprocher d’une certaine electronica, de jolis arrangements sonores sur Atmosphere avec ce mélange de notes limpides et nasillardes, ou le final du terrible Escape remixé par Elektroplasma.
De part sa richesse, ses nappes apaisantes, Gaïa s’écoute avec grand plaisir sur toute sa longueur alors que souvent, dans ce genre musical précis, arrivé à la moitié de l’album on a déjà l’impression d’en avoir fait le tour. Là au contraire on a même envie de découvrir les précédents travaux de Lith. Excellent album dans le genre !!!
le 21/01/2007