(City Centre Offices / La Baleine)
12/11/2001
Electronique
On se prenait souvent à rêver d’un disque qui réussirait à marier parfaitement d’une part l’electronica habile des artistes Morr Music et apparentés et d’autre part la pop finement ciselée comme savaient en faire les anglais du label Sarah et leurs comparses. Far away trains passing by, premier album de l’allemand Ulrich Schnauss, y parvient superbement. Bonheur supplémentaire, il sort sur City Centre Offices, label fondé par Tadi Hermann (moitié d’Hermann & Kleine) qui a déjà abrité le deuxième album d’Arovane (chroniqué sur ces pages), une compilation de bonne tenue (Cashier Escape Route), des albums de Casino vs Japan et Christian Kleine ainsi qu’une kyrielle de très bons singles (Denzel & Hühn, Zorn, SND…)
Dès les premières mesures, on est captivé par la beauté de la musique produite : les mélodies sont simples et directes mais non mièvres, les guitares samplées toutes droites sorties des disques des Field Mice, les rythmiques précises, les sonorités enivrantes, les boucles harmonieusement mises en place.
…passing by, un des pics de l’album en est, par exemple, parfaitement caractéristique. Tout commence par une rythmique extrêmement proche de celles de Bernard Fleischmann, des nappes de synthé et une basse touchante viennent compléter la mise en place du morceau dont la somptuosité se dévoilera avec l’apparition d’une mélodie aérienne et émouvante sur laquelle se greffent ensuite des boucles de grésillements semblables à de petites explosions. Le résultat est accrocheur, émouvant, superbe.
Dans ce registre (rencontre entre pop mélancolique et electronica fine), Far away trains passing by est très nettement plus convaincant que le deuxième album de Lali Puna, même si le style (pas de chant chez Schnauss) et l’approche globale sont différents. L’album d’Ulrich Schnauss n’est, ainsi, pas près de quitter notre platine tellement il nous impressionne aussi bien par ce qu’il laisse espérer de cet artiste que par les réminiscences qu’il fait remonter en nous.
On pourra juste lui reprocher d’étirer parfois un peu trop certains morceaux (pas un ne fait moins de 6’30), mais, comme en tout, il n’y en a que six, l’ennui n’a pas réellement le temps de s’installer. Au contraire, on est surpris par la quasi-perfection d’un disque qu’on a hâte de faire découvrir à nos proches, de peur qu’ils ne passent à côté d’un véritable enchantement. On imagine d’ailleurs, très bien, à l’écoute, que Far away trains passing by, un des disques de l’année 2001 assurément, est typiquement l’album qu’on serait prêt à défendre coûte que coûte et quoiqu’il arrive. Tout est dit…
le 10/01/2002