(U-Cover / Limonade)
03/12/2001
Electronique
Regroupant des enregistrements effectués sur plus d’un an, Spaces est le fruit d’Esa Ruoho, jeune artiste finlandais, ayant également sorti, sous le nom Lackluster, un album sur le label deFocus ou un 7" sur Zealectronic. Toutefois, à la différence de ceux-ci, cet album, sortant sur le très bon label belge U-Cover, se distingue par sa quasi absence de rythmique et sa plongée indiscontinue dans une obscurité et une noirceur certaines.
En effet, pour chaque titre, Esa Ruoho installe une texture faite de nappes de synthé, de sons atonaux et de basse insistante. Parfois, il ajoute un semblant de rythmique tel ce hi-hat au son très clair dans Pond Assemblage, mais l’ensemble demeure sombre, presque inquiétant. Même l’intervention de carillons et de cloches n’arrive pas à départir un morceau comme Reset de ce caractère inquiétant. De même, lorsque, dans Birthday Scrutiny ou Med Test, les sons très fins sont réverbérés à l’extrême, on imagine tout de suite un climat glacial et une nuit sans fin.
Cette sensation est renforcée par le va-et-vient incessant, semblable à un flux et reflux, des divers composants de chaque morceau. Ainsi, c’est tantôt la basse qui est en avant, tantôt le drone qui passe de l’arrière-plan au premier plan, tantôt des samples qu’on croirait être des cris tirés de films d’épouvante qui apparaissent. A peine on croit le calme revenu, avec l’apaisement apparent d’un élément, que c’est un autre qui prend le relais.
L’inquiétude inspirée par la musique ne doit pas nous faire oublier combien celle-ci est intéressante. L’habile mélange de drones et d’apports organiques dont fait montre Esa Ruoho est particulièrement perceptible dans le titre Space où viennent se rencontrer d’une part une texture composée de nappes et de craquements semblables à l’orage et d’autre part des petites notes de glockenspiel et xylophone tombant en pluie.
A la fin, comme pour nous remercier, le disque se clôt par un titre très mélodique, nettement plus apaisé, au cours duquel on entend même un halètement ; le notre sans doute, essoufflés du voyage que nous venons de faire et en même temps rassurés que celui-ci prenne fin.
le 04/03/2002