Tristeza

L’album de remixes est toujours un exercice périlleux. Aussi bon que soient les morceaux originaux, ils peuvent être totalement dénaturés (ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose), voire massacrés (ce qui l’est beaucoup plus) par des remixeurs souvent plus enclins à aller vers l’emphase et la surcharge que vers l’épure et le dénuement.
On attendait ainsi beaucoup de l’album de remixes de Tristeza, aussi bien parce que l’album Dream Signals in Full Circles, sorti il y a deux ans, nous avait emballé, que parce que la liste des remixeurs était on ne peut plus alléchante : Marumari, Styrofoam, Yellow6, Windy & Carl, Simon Raymonde entre autres…

Malheureusement, les deux premiers tiers de Mixed Signals sont une cruelle déception. En effet, malgré la diversité des artistes convoqués, les résultats semblent tous se ressembler : une rythmique electronica est apposée, la mélodie est déstructurée, quelques mini-glitchs sont utilisés. On tombe dans une facilité post-warpienne où la ferveur et la puissance des titres originaux sont totalement occultées au profit d’un reco-pillage du label oxfordien.
Heureusement, le niveau remonte dans le dernier tiers avec des titres allant davantage vers le post-rock et l’ambient. Ainsi, Yellow6 en reprenant Chiaroscuro en fait un titre sombre et glacé, porté par une rythmique sourde et des nappes semblables à des chants tibétains ; de cette texture se dégage, claire et limpide, la mélodie jouée à la guitare et dont la même mesure est reprise en boucle. Windy & Carl continuent dans cette lignée, mais dans une veine plus proche des Cocteau Twins (feedbacks de guitares réverbérés, notes aériennes), avant que Lackluster, avec un morceau un peu plus électronique, et Simon Raymonde ne concluent un disque inégal, uniquement pour les fans du groupe, donc.

François Bousquet
le 07/03/2002