(Parametric)
15/05/2002
Electronique
Mlada Fronta n’est pas vraiment un nouveau sur la scène électronique française puisque le groupe a déjà atteint ses 10 ans de carrière. Quatre albums sur divers labels (dont M-Tronic pour le précédent intitulé Fe2 O3), une scission qui donne à Rémy Pelleschi l’entière responsabilité du projet Mlada Fronta et aujourd’hui ce cinquième album. Rémy Pelleschi redouble d’activité puisque Oxydes ne sort que 6 mois après Fe2 O3, se présente sous forme d’un double CD rempli à ras bord dans un superbe digipack, et sort sur son propre label qu’il vient de créer, répondant au nom de Parametric.
A vrai dire on est un peu déçu par les premiers titres : rythmiques industrielles trop répétitives, nappes synthétiques sans mélodie et fade, bidouillages électroniques gratuits. L’ennui nous guette sur CO, mais H2O est plus réussi, la rythmique plus soutenue et les bruitages plus inquiétant parviennent à créer une ambiance, une atmosphère une tension à la manière de MnO qui va crescendo tout au long du morceau.
Les rythmiques sont bien sur très présentes, très dures, saturées mais tournent un peu trop souvent en roue libre. Cela dit, quelques titres font preuve d’une certaine recherche dans cette voie, que ce soit sur NO et sa battucada industrielle sautillante, ou mieux sur un UO presque tribal.
Mais le meilleur, comme pour beaucoup d’artistes de musique industrielle, se trouve dans les morceaux les plus calmes, quand Rémy crée une musique dark-ambient mélodique telle que le sublime TiO, plus expérimentale avec RuO, ou cinématographique sur RhO qui s’étend sur plus de 10 minutes.
Le deuxième CD est un peu à part puisque principalement basé sur des remix. Mlada Fronta ouvre et ferme ce second volet avec pour commencer une rythmique plus lente mais dure, posée sur des nappes aériennes, et pour finir un titre bruitiste, noyé dans des textures granuleuses et saturées.
Entre les deux on découvrira Gom qui remixe SnO, un superbe titre du premier CD. Mélodie saturée qui arrive progressivement, arpège accrocheur, rythmique retravaillée, plus complexe, un sens de la cassure assez déconcertant et des bruitages nouveaux particulièrement bien placés. Peut-être le meilleur titre de ce double album, à la fois fin, doux et dur.
Tarmvred joue la carte de la violence avec une rythmique effrénée et des bruitages agressifs, Milligramme et surtout Data Raper apporte une certaine fraîcheur en effaçant un peu la part industrielle de la musique de Mlada Fronta pour faire des versions plus techno des titres originaux à grand renfort de nappes synthétiques et sonorités acides.
On terminera avec des têtes connues, à savoir Dither qui tente sans y parvenir réellement de déconstruire le morceau qu’il retravaille et Mimetic qui aligne les percussions saturées.
Vous en voulez encore ? Vous aimeriez voir ce que Mlada Fronta peut bien donner en concert ? Qu’a cela ne tienne, ce deuxième disque contient les vidéos lives de 4 morceaux lors de concerts à Lyon, Bordeaux ou Cannes...
L’artiste est généreux mais pas à tort : on écoute les 2 disques d’affilé sans se lasser grâce aux atmosphères variées qu’il évoque.
le 13/07/2002