V/A

Entièrement composée d’inédits, Perspective Fragments vol.1 regroupe l’intégralité des artistes du label belge U-Cover, accueille, par ailleurs, des artistes amis comme Kettel (déjà croisé sur Neo Ouija) ou Funckarma et nous propose un "voyage à travers les champs électroniques d’aujourd’hui".

Débutant par un titre déroutant d’Electric Birds qui voit son habituelle electronica-dub remixée par Ontayso pour obtenir un drone peu éloigné de Stars of the Lid, cette compilation se poursuit dans cette même voie avec un morceau de Tim Koch constitué aussi de plages mais dans une tonalité nettement plus aérienne et moins sombre. Avec Freak de Lusine ICL remixé par Quench, on entre dans le pan rythmé du disque : superposition de sons et polyrythmie sont au rendez-vous. Partant d’une rythmique de base proche du hip-hop, Kettel y pose sonorités quasiment psychés et nappes hypnotiques, tandis que Skipsapiens explore une veine plus ludique avec un Delaybot aux accents casio-music et que Crunch mélange ces deux styles dans une union joyeusement foutraque.
Après un titre relativement anecdotique de The Buddy System et un autre plutôt répétitif de Funckarma, on retrouve Lusine ICL pour un morceau où rythmiques et glitchs se succèdent sur une texture sans cesse en mouvement. Egalement très sombre, Bossa Robo de Cosmic Connection met de côté toute prétention mélodique pour s’intéresser uniquement aux beats et nappes d’arrière-plan.
On en arrive alors à la grande (près de dix minutes) pièce de Perspective Fragments volume 1 : Things end when they start, inédit de Llips.. Si les deux premiers tiers du morceau ne convainquent pas réellement, ces samples de dialogue en espagnol sur fond de texture tourmentée offrant un résultat quelque peu banal, l’adjonction à ceux-ci d’une basse de plus en plus oppressante et d’un chant féminin mi-voilé mi-réverbéré permet d’approcher, sans pour autant les atteindre, les sommets de l’album Dos Partes (peut-être sera-ce le cas avec le disque posthume du collectif, attendu depuis près d’un an sur Deluxe..?). La douce mélancolie dans laquelle nous a plongé la fin de ce titre se prolonge avec Autumn waves, idéal titre de clôture où Ten and Tracer (nouvelle signature du label, dont l’album est annoncé pour les mois prochains) fait prévaloir une nappe en flux et reflux, laissant en second rideau une conversation téléphonique délicatement insérée.

Ainsi, même si on ressort quelque peu déçus de l’écoute de cette compilation, on sait pertinemment que le label U-Cover n’a pas fini de nous enchanter.

François Bousquet
le 07/08/2002