Brazil

La Faim du Travail ?

(Autoproduit)

 date de sortie

00/06/2002

 genre

Rock

 style

Post-Rock

 appréciation

 tags

Autoproduit / Brazil / Post-Rock

 liens

Brazil

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Brazil... un nom étrange qui nous évoque un pays d’Amérique latine, mais la musique de cet artiste n’a rien de bien exotique. C’est plus sûrement du côté de Terry Gilliam qu’il faut se tourner, et de son film reprenant un peu les propos d’Orwell dans 1984 avec cette entité qui dirige nos vie. D’ailleurs ce disque qui n’est pas uniquement instrumental porte des textes, des propos, des idées engagés, des questions saines mais qui remettent en cause un système établi dans lequel vit la plupart d’entre nous.
Cette réflexion passe notamment par le travail, sujet traité par six morceaux dans une première partie, tandis que la suite, un peu plus légère parle de la vie, de l’amour et porte souvent un regard sur le passé.

On avait déjà entendu Brazil sur le Not’CD, une compilation de morceaux composés par quelques membres de la mailing-list de l’émission de Bernard Lenoir sur France Inter. Nous n’avions pas aimé Paul, Véro, Sven et les autres et notre impression est ici guère meilleure. On a du mal à croire au texte, au phrasé faussement rebelle. Mais on se rattrape avec la musique, mélodies croisées de guitare et piano, lente montée jusqu’à un déluge sonore qui nous fait penser à Mogwai. D’ailleurs ce titre est assez représentatif de l’univers de Brazil, entre post-rock et des artistes comme Diabologum/Programme pour les textes.
Au menu de cette première partie, des voix de travailleurs sensés être heureux de travailler (Travail I), un discours sur l’anti-mondialisation avec Le Marché (contrôle nos vies), un joli duo de chômeurs désabusés sur La Fin du Travail. Les textes sont généralement sombres, et c’est la musique qui nous sauve, les guitares sont claires, contrastées et mélodiques, le rythme parfaitement maîtrisé (jolies cassures sur le premier titre).
Au milieu de tout ça le bien nommé La Pause Café, paraît bien léger. Batterie entraînante, construction originale de mélodies à la guitare, mais il ne décolle jamais réellement.

La deuxième partie s’annonce radieuse avec l’introduction bucolique de L’herbe Rouge. Le travail semble aussi un peu plus personnel, on abandonne les lentes montées pour une construction plus linéaire même si l’on pense ici parfois à Tortoise. Une guêpe vient se mêler aux instruments, une rythmique électro fait son apparition tandis que la mélodie se sature petit à petit.
Graffiti est une petite merveille, une belle mise en parallèle entre des phrases, des mots trouvés sur les murs de nos villes, ceux du peuples, et ceux officiels des messages publicitaire qui déforment nos paysages et notre vision des choses. L’enfance traite de l’apprentissage de la vie, de l’amour, Un samedi après-midi comme les autres des souvenirs du passé, du temps qui passe, des gens qui changent et qui n’ont plus rien a partager, comment le quotidien, la société change nos vies, change les gens.
On ne s’attardera pas sur Les Maux des Autres, une pop relativement classique, mais on terminera par un petit bijou : Une Vie à Deux. C’est avec le classique enchaînement couplet-refrain que Brazil signe sa plus belle réussite. Un titre que l’on devine autobiographique, un jeune homme raconte année après année ses joies (réussites scolaires) et ses peines (amoureuses), un réalisme et une maladresse touchante, des refrains qui servent de break, et une explosion finale plus rock qui provoque des frissons à chaque nouvelle écoute avant de se clore sur un dialogue extrait du film Trust Me de Hal Hartley. Troublant.

Si tout n’est pas parfaitement maîtrisé (le travail sur les voix), on peut reconnaître à Brazil un talent indéniable dans les compositions musicales, dans la variété des ambiances et la façon dont elles sont amenées puisqu’à aucun moment la lassitude ne se fait sentir à l’écoute de ce disque, qu’il est vivement conseillé d’écouter en travaillant !!

Contact : brazil@dadaprod.org

Fabrice ALLARD
le 22/08/2002