(Noise Factory / Import)
19/08/2002
Rock
Deuxième album de Beef Terminal, The Grey Knowledge est, en réalité, l’œuvre d’un seul homme : le canadien MD Matheson. Entrelacs de guitares aériennes et de boîtes à rythmes précises, ce beau disque nous transporte pendant plus d’une heure.
Posant systématiquement comme première pierre de ses édifices sonores des arpèges lumineux, il ajoute ensuite par-dessus une rythmique plus ou moins soutenue. Une deuxième guitare fait parfois son apparition, venant, en notes détachées, percer le tapis sonore ainsi installé. Beef Terminal n’hésite pas, par ailleurs, à faire appel à l’échantillonnage : voix féminine (Alchemy), dialogues téléphoniques (Whirlybird). On est, alors, peu éloigné du Llips. de Dos Partes. La connexion frappe encore plus quand le tempo ralentit et qu’une véritable texture est élaborée à base de samples et de rythmiques sourdes et étouffées. Plus loin, c’est davantage à Yellow6 que l’on pense, pour cette façon si particulière de plonger les guitares dans un brouillard cotonneux dont elles ressortent transfigurées et de superposer plusieurs couches de six-cordes : une arpégée, une en nappes et une solo (Daisyscience).
Désireux de changer d’approche à chaque morceau, MD Matheson opte, ici, pour une cadence voisine du hip-hop (Marson Jane), crée, là, la rythmique à l’aide de notes piquées (Losing) ou choisit d’accélérer le tempo (Enter and leave with nothing). Cependant, à chaque fois subsiste cette faculté émotionnelle unique qu’il parvient à extraire de ses guitares. Se faisant tantôt rêveuses et aériennes, tantôt entraînantes et évocatrices, elles parviennent à nous toucher quoiqu’il arrive. Fort de ces qualités, on ne sera pas surpris de l’usage parfait que Beef Terminal fait de la seule basse présente sur le disque. En effet, Red Sky take warning se trouve magnifié par l’utilisation de celle-ci : véritable fondation du morceau, elle permet aux guitares et samples de s’épanouir généreusement pendant plus de sept minutes dans ce qui apparaît clairement comme le sommet de cet album parfois un peu long, mais tout de même très agréable dans l’ensemble.
le 29/08/2002