Guitar

Sunkissed, premier album de Guitar est le troisième disque en deux mois d’un "groupe à chanteuse" (après le EP et l’album de Ms. John Soda) à sortir sur Morr Music. On espère que ce qu’on ose appeler une tendance va vite s’arrêter, car les disques produits sont de moins en moins intéressants. On ne perçoit pas bien, ici, la ligne directrice du label berlinois qui aurait largement pu se contenter, dans cette veine, de Lali Puna ; Guitar ne venant pas apporter grand chose et Sunkissed étant un disque fade et presque désagréable.

En effet, les chansons s’enchaînent, sans émotion véritable, sans qu’aucune ne ressorte particulièrement, ni ne vienne attirer notre attention. Boîtes à rythmes et guitares servent uniquement de faire-valoir à une voix féminine apprêtée comme on en a déjà entendu des dizaines, inventivité et prise de risque sont totalement absentes, l’inanité des textes ("you are me, I am you") n’a d’égal que la pauvreté des arrangements. Si on était véritablement méchant, on dirait même que Guitar, formation cosmopolite regroupant musiciens allemands et chanteuse japonaise, ne semble être qu’un groupe créé de toutes pièces par un producteur en quête de la bonne formule.
On sauvera toutefois le dernier titre (See Sea, Bee and Minimal Me), relecture minimaliste de See Sea, Bee and Me, autre titre de l’album, où une rythmique quasi-aquatique et des nappes tournoyantes viennent habilement faire le contrepoids à la voix, toujours aussi maniérée d’Ayabo Akashiba.

On ressort donc de Sunkissed plutôt amers, espérant que le label de Thomas Morr redressera bien vite la barre en oubliant cette envie, que l’on souhaite passagère, de se mettre à la pop fadasse.

François Bousquet
le 02/12/2002