V/A

L’Autriche semble être une terre en plein effervescence depuis quelques année, Mego ayant peut-être ouvert la voie. C’est en effet à Oslip, au Sud-est de Vienne qu’est basé le label Karate Joe, sur lequel est notamment signé Mimi Secue que l’on ne retrouve pas sur cette compilation, plutôt orientée musique concrète.

On trouve donc beaucoup de collages sonores, composés parfois de bruitages numériques comme le fait Oliver Maklott avec Blubberwrap alternant sonorités dures, abruptes avec des silences, et parfois de sons plus concrets avec Srob et son Kwatsh très bucolique : des oiseaux chantent en guise d’introduction, une tondeuse semble avoir du mal à démarrer, un tas de bûches dégringole, des grenouilles coassent en arrière plan, et finalement une tondeuse ou une tronçonneuse ronronne pendant la dernière minute, le tout parsemé de quelques notes musicales.
Si ces deux titres sont agréables, ils pèchent peut-être par leur manque d’originalité. On préférera alors les mélanges, les sonorités électroacoustiques de Florian Bogner entre crépitements et longues notes tout en douceur, la rythmique d’une machine à écrire de Thermodynamic Superstar & His Gardener qui laisse place petit à petit à des notes cristallines, ou encore un bruit blanc faisant penser à une cascade, changeant régulièrement de teinte pour finir par se transformer en souffle d’un aspirateur pour Oliver Grimm avec Driveby.
Dans le genre, le plus réussi est certainement Zwingen und Zwingen Lassen de Jakob Polacsek avec une parfaite maîtrise des collages et des effets sonores, nous donnant l’impression d’être dans une boîte de nuit aquatique, passant d’une salle à une autre, d’une musique à l’autre tel un zapping efficace sur les ondes radio.

Au milieu de tous ces morceaux d’un abord pas forcément aisé, semble échouées deux petites perles électro-pop. Viewnix nous propose une voix saturée posée sur une belle et douce mélodie, une rythmique électronique plutôt discrète, le tout même pas connoté années 80.
Autre OVNI, Gilbert Handler, auteur de deux morceaux sur ce disque, propose un peu la même recette avec Vous êtes Belle, paroles délicieusement mièvres en bonus, la voix n’étant quant à elle pas saturée mais particulièrement grave.

Un disque pas toujours facile à aborder mais qui peut séduire les amateurs de musiques concrètes et électroniques. Son intérêt étant également de permettre d’avoir un autre aperçu de la scène musicale autrichienne et de faire quelques découvertes fort sympathiques.

Fabrice ALLARD
le 03/01/2003