Charles Atlas

Troisième album du trio formé autour de Charles Wyatt (ex-membre de Piano Magic, jusqu’à A Trick of the Sea), Worsted Weight permet à Charles Atlas de confirmer toutes les louanges émises par le passé, tout en donnant l’occasion au groupe américain de se renouveler habilement.

Là où les précédents disques du groupe (surtout Felt Cover sorti l’an passé sur Static Caravan) contenaient une bonne part d’électronique, Worsted Weight laisse la place à de doux arpèges de guitares, ambiances chaleureuses et ouatées, délicates notes de piano et voix féminines évanescentes légèrement voilées. A cet égard, la superbe pièce d’ouverture (The Deadest Bar), longue de douze minutes, nous plonge immédiatement dans des atmosphères soyeuses évoquant une hypothétique rencontre en apesanteur entre Piano Magic et Labradford.
Apaisant sans être soporifique, suffisamment sophistiqué tout en étant abordable, sachant doser l’utilisation d’éléments électroniques (céleste theremin, discrets samples, sobre boîte à rythmes) pour rester humain, les différents titres de l’album nous emmènent sur des rivages pas si éloignés de ceux du Music for Airports de Brian Eno. Que le tempo s’accélère légèrement (One Foot Under, Strategies for Success Boxes) ou que les arpèges de six-cordes soient enveloppés d’une texture vaporeuse (Italian Air), la musique du trio de San Fransisco conserve toujours une part de mystère (que même la lumineuse apparition d’un glockenspiel ne pourra dissiper), comme si elle ne souhaitait pas se dévoiler complètement, laissant à l’auditeur le soin d’aller plus loin.

Parfaitement à sa place sur Ochre, Worsted Weight confirme, après le récent premier album d’Arbol, que le fait d’avoir quitté Piano Magic n’empêche pas de produire de très beaux disques et affirme un peu plus la place de Charles Atlas dans le paysage musical.

François Bousquet
le 17/01/2003