(The Music Fellowship / Import)
21/01/2003
Electronique
Landing / Nowherians / Rothko / The Music Fellowship / Yellow6
Un peu à la manière de ce que réalise Quatermass avec la série Personal Settings, The Music Fellowship, classieux label du Connecticut, propose Triptychs, une série de splits où trois artistes ou groupes disposent librement d’une vingtaine de minutes. Néanmoins, à la différence du label belge, les musiciens sélectionnés ont tous sorti des disques auparavant et évoluent dans le même univers musical. On gagne donc en cohérence ce qu’on perd en découverte. Pour ce premier volet, intitulé New Found Land, ont été choisis Yellow6, Rothko et Landing.
Le disque s’ouvre sur cinq morceaux de Yellow6 où Jon Attwood nous propose des titres plus structurés qu’auparavant. Ainsi, même si on retrouve les éléments qui lui sont chers (guitares cotonneuses, réverbération et superposition de nappes), un soin particulier est porté sur la construction de chaque plage : une rythmique apparaît, des bribes de mélodies sont jouées, la texture initiale évolue. Toutefois, Yellow6 ne sacrifie pas le caractère magnifiquement enivrant et évocateur de sa musique.
Plus intéressant que son album sorti sur Too Pure l’an passé, le long morceau de Rothko (scindé en 7 plages, mais formant, en réalité, un titre unique) reste cependant dans la lignée ambient pour laquelle Mark Beazley avait opté en 2002 après le départ de ses deux acolytes, tout en étant un peu plus proche d’un certain space-rock instrumental et ne se refusant pas parfois à quelques expérimentations sonores. Là où l’album n’était qu’une longue texture sans aucun intérêt, le morceau ici présent, judicieusement placé après les titres de Yellow6, semble lui répondre, en plus dépouillé (même si, à un moment, les textures se saturent) et parvient à alterner subtilement nappes et mélodies, sans pour autant être jamais pleinement convaincant.
Terminant cet album, le quatuor américain Landing, déjà croisé sur The Music Fellowship, propriétés d’un des membres du groupe, nous offre cinq morceaux oscillant superbement entre shoegazing et pop éthérée : feedbacks de guitares, réverbérations, légers effets électroniques et voix féminine évanescente. Aussi à l’aise dans un registre pop peu éloigné de L’Altra (arpèges de guitare, batterie bien en place et contre-chant) que dans une lignée plus proche de Portal (doux slides de guitares et utilisation de samples), Landing s’affirme, une fois de plus et malgré quelques redites d’un morceau à l’autre, comme la tête de pont d’une scène américaine neo-shoegazing en pleine expansion depuis un ou deux ans.
le 28/02/2003