(Make Mine Music / Import)
17/03/2003
Rock
Ambient / Make Mine Music / Pop / Portal
Depuis notre première rencontre avec Portal, il y a plus de trois ans, la mouvance pop éthérée-post-shoegazing s’est nettement développée : des disques de July Skies à l’émergence d’une scène américaine florissante (Landing, Should, Au Revoir Boréalis) en passant par la compilation Morr Music en hommage à Slowdive, c’est tout un pan du paysage musical qui revient en grâce. Pendant ce temps-là et depuis Reprise, premier album sorti en 2000 sur Roisin, Portal a sorti un mini-album décevant sur Alice in Wonder (Tristesse), un somptueux album de remixes sur Roisin et un split album convaincant avec Yellow6. Promise, paraissant sur Make Mine Music, label fondé, entre autres, par Scott Sinfield, est donc le deuxième véritable album du groupe formé par Scott et sa compagne Rachel Hughes.
Si les trois premières plages laissent apparaître peu de changements dans l’atmosphère musicale, encore une fois savoureuse, de Portal (nappes de guitares, arpèges délicats et voix évanescente de Rachel sont bien au rendez-vous), l’apparition d’une boîte à rythmes sur The Sun Will Rise renouvelle habilement l’approche du duo, impression renforcée par un sample de discours passé au vocoder dans Into the Light. L’apparente froideur de ces divers effets « électroniques » dialogue alors parfaitement avec la chaleur caressante des arpèges et couches superposées de guitares. C’est ensuite au tour des six-cordes de se saturer dans Ghost in the Sand, titre rappelant Pulse, morceau de clôture de Tristesse, par sa relation guitares-batterie.
Cette ambivalence, ce jeu sur les contrastes parcourent l’ensemble du disque, jusqu’à la pochette où des lignes et formes géométriques stylisées sont tracées sur une vue balnéaire. Si cette recherche de confrontation est souvent plus que réussie, Portal nous propose, tel un cheveu sur la soupe, un morceau (Henna) où boîte à rythmes digne de New Order et boucle mélodique sautillante viennent, de manière peu concluante, rejoindre l’univers de Rachel et Scott. Heureusement, cet OVNI musical reste esseulé et l’album reprend rapidement avec son enchaînement de morceaux « classiques » et d’autres où la mélodie est effectuée au piano, les guitares saturées et assorties d’un delay maximum et un léger larsen utilisé comme nappe sonore.
On ressort finalement de Promise à la fois emballés par les expérimentations « risquées » par Portal sur cet album et confortés dans le fait que le duo d’Oxford sait toujours tisser de sublimes ambiances.
le 18/03/2003