(Bette / Import)
02/10/2002
Electronique
Bette / Electronica / Scanner
Après avoir mis un terme à Sulphur, Scanner se lance dans un nouveau projet en créant le label Bette, sur lequel sortait le même jour ses deux derniers albums. Nemesis la deuxième référence du label est la bande son d’un spectacle de danse, tandis que 52 Spaces est une oeuvre de commande pour le 90eme anniversaire de Michelangelo Antonioni. Cette musique a fait l’objet d’une performance lors de laquelle Robin Rimbaud se produisait en live tandis qu’étaient projetées au ralentit les 52 dernières images de L’Eclisse, un film du réalisateur italien de 1962 avec Alain Delon et Monica Vitti.
Si son récent album chez Bip-Hop était fidèle a ce que l’on pouvait attendre de Scanner, ce 52 Spaces est déjà un disque à part dans la discographie de l’artiste. S’immergeant totalement dans l’univers du film, Scanner abandonne tout effet technologique et ouvre le disque sur un vieux piano désaccordé, des dialogues du film d’Antonioni pleins de souffle, et des bruits concrets, bruits de pas sur ce premier titre, chant d’oiseaux sur Vittoria. La mélodie tout comme le film semble jouée au ralentit et l’atmosphère de ce morceau, tout comme l’ensemble du disque, est lourde, moite, voire même sombre et inquiétante, mystérieuse.
Les pièces sont plus calmes les unes que les autres, construites sur quelques superpositions de nappes inquiétantes, de mélodies minimalistes et répétitives et de bruitages variés, contribuant à l’élaboration de sombres atmosphères. Des choeurs graves sur un titre, d’autres choeurs féminins et religieux sur Spyder, des croassements de grenouilles autour d’une marre sur When We Arrive at the Other Side I Will Kiss You, un piano reproduisant des gouttes d’eau, quelques samples de dialogues déformés sur Flashback of a Secret Violence, cordes cristallines et contrebasse sur Transparency, notes fantomatiques provenant d’un vieux piano ou de graves vrombissements, sont quelques uns des éléments qui composent cet album.
Les deux derniers titres allient beauté et simplicité, que ce soit avec un piano au son retravaillé sur le mélancolique I Cannot Forget, ou via de longues montées et cordes cristallines sur The Illusion of Present Time.
Ce disque étant une oeuvre de commande on ne parlera pas ici de changement de direction dans la carrière de Scanner. Il nous montre juste que le compositeur est autant à l’aise en electronica que dans ce mélange flirtant avec les musiques répétitives, l’ambient, et la musique concrète, et qu’il possède un véritable talent de créateur d’univers sonores.
le 20/03/2003