Yoshihiro Hanno

Après avoir vu plusieurs fois Yoshihiro Hanno en concert l’an passé, il était logique que l’on vous parle de son dernier album sorti sur le label Progressive Form en fin d’année. Si ces concerts peuvent être très différents, allant d’une electronica plus ou moins expérimentale à une musique presque classique avec piano et cordes, ce 9 Modules.+ reste bien ancré dans les productions électroniques du label japonais.

Le disque commence plutôt bien avec Dub et son intro croisant Ryoji Ikeda et Pan Sonic. Minimalisme aux sons bruts qui dévie assez rapidement vers une musique plus abstraite lorsque ces éléments rythmiques sont noyés dans un collage de nappes granuleuses.
On retrouve régulièrement ce genre de construction, l’artiste usant fréquemment de petites boucles répétitives. Ainsi C superpose mini-boucle mélodique et nappe grave et granuleuse, tandis que 2h.io_2p joue sur la mise en phase du découpage d’une mélodie et des syncopes de la rythmique. Mais c’est sur s.e.q que la répétition risque de paraître abusée.

Après cette entrée en matière peut-être un peu abrupte, petite pause avec 2 titres presque groovy. On retrouve sur le premier une très belle rythmique aérée et composée d’éléments divers (comme l’intro de Dub) mais le tempo et quelques sons un peu datés laisse entrevoir un léger penchant vers la house, tandis que sur 6 l’ambiance est plus chaleureuse, lorgnant vers une musique downtempo-lounge classieuse.

On change encore de registre avec deux titres enchaînés, Op. et Square. Ils pourraient n’en former qu’un avec encore une superbe intro composée d’éléments variés composant une rythmique, rapidement appuyée par une grosse basse. Terriblement efficace, un son assez dur et club qui nous surprend de la part de Yoshihiro Hanno. La deuxième partie voit l’apparition d’une montée de bleeps envahissants avant de s’éteindre sur un final ambient.
Le disque se clôture sur un dixième morceau (module) sans titre, sorte de bonus ambient à la Fennesz avec lente mélodie noyée dans les grésillements.

9 Modules.+ est un bel album, avec quelques belles idées, quelques très beaux moments, mais il n’est pas exempt de défauts. Il manque un petit quelque chose pour nous faire adhérer totalement, pour effacer la froideur clinique qui s’en dégage parfois.

Fabrice ALLARD
le 21/03/2003