Faust

Faust sur EtherREAL ??? Certes, il ne s’agit pas là d’electronica pointue, mais d’un groupe culte et visionnaire qui sort chez Staubgold (première surprise) cette rétrospective de 30 ans de carrière à travers des inédits (deuxième surprise qui ravira les fans et collectionneurs).
Une autre bonne raison pour parler de cette compilation de rareté, c’est le lien étroit qu’elle possède avec par exemple le récent album de Black Dice : même esprit, même richesse, même variété.

Ces 30 ans de carrière sont parcourus a travers 20 titres, dont la plupart ont été composés dans leurs jeunes années (entre 1971 et 1974), quitte à être retravaillés ou finalisés récemment.
On connaissait un peu Faust pour leur jeu de collage produisant un rock tantôt progressif, tantôt psychédélique, mais ce Patchwork nous montre d’autres facettes du groupe. On retrouve bien sur quelques titres dans ce style comme A Seventies Event invitant des sonorités électroniques ou le bien nommé Nervous, énergique et chanté mais qui sonne aujourd’hui bien daté.
Assez attendu également, ce sont les morceaux les plus expérimentaux, qui n’ont rien perdu de leur force et paraissent toujours fort actuels, généralement très portés sur l’ambient et la construction d’atmosphères étranges. Des voix en boucle sur Out of Our Prison et autres recherches vocales sur Ayi Ayi, un drone plein de souffle sur Drone Organ, ou nasillard sur Ironies, quelques notes de trompette saturée sur Zerr:Aus.

Du côté des surprises, on trouve quelques titres qui font penser à des musiques de cabaret, atmosphère enfumée et jazzy sur Jassie ou le très beau Klaviernacht en fin de disque.
Mais là où le groupe excelle, c’est quand il fait preuve de simplicité en utilisant juste une guitare acoustique. C’est le cas sur Duo, daté de 1973 et qui ne se démodera jamais, celui-ci pouvant figurer sur de nombreux disques post-rock récents, ou mieux encore avec Psalter et Elegie, bénéficiant tout d’eux d’un mixage original, le son semblant éloigné puis s’éclaircir doucement sur des rythmiques savamment construites.

Ces 20 morceaux généralement courts, sont parfaitement enchaînés, donnant l’impression d’écouter seulement deux titres de 20 minutes, riches et kaléidoscopiques, séparé par Pause, un silence de 16 secondes.
Un album à conseiller à tous les amateurs de post-rock, un groupe important comme le sont Can et Neu !.

Fabrice ALLARD
le 03/04/2003