Yellow6

Tardive mais indispensable chronique pour un disque sorti il y a neuf mois environ. S’appuyant sur des titres de Jon Attwood extrait de ses disques phares (les albums Overtone sur Enraptured, Music for Pleasure sur Rocket Racer, Lake:desert sur Ochre et le Yellow6 EP sur Jonathon Whiskey), dix artistes et groupes livrent, dans ce très bel album, des remixes offrant une relecture particulièrement enrichissante des morceaux originaux.

Certains artistes et groupes prennent complètement possession des titres de Yellow6, les jouant comme s’ils étaient leurs. Landing absorbe ainsi complètement Marble #1 pour en faire un de ces bijoux de pop éthérée auxquels le groupe américain nous a habitués. Maps & Diagrams, pour sa part, transforme habilement Halflife cpl-33 en morceau d’electronica, mettant les nappes de guitares d’origine au second plan. Plus loin, Amp sature les plages de six-cordes et permet alors à Snowmelt de se parer de l’étrangeté chronique du duo franco-anglais.

D’autres artistes préfèrent se transcender pour proposer quelque chose de nouveau en regard de ce qu’ils font traditionnellement. Prenant le contre-pied total de ses habituelles productions, Bauri livre, par exemple, un remix sombre et dense de Leitmotiv : la rythmique qu’il y appose n’a rien à voir avec les cadences enjouées de ses propres titres et les voix fantomatiques qu’on y retrouve dépareilleraient grandement sur les mélodies poppy qu’il affectionne généralement.
Mises à part les nappes de guitares réverbérées, rien ne permet d’identifier Portal comme auteur du remix de Redleitmotiv : réduisant le morceau d’origine à ses plages de six-cordes et y adjoignant d’une polyrythmie très soutenue, Scott Sinfield lasse un peu sur la durée (le titre s’étend sur sept minutes) mais réussit une relecture très intéressante.

Enfin, on passera rapidement, les citant juste, sur ceux qui se contentent uniquement d’ajouter une rythmique ou une couche de guitare supplémentaire, n’apportant qu’une touche personnelle très limitée : Rothko, Lackluster, Innerise. Pour autant, bien que ces remixes soient moins intéressants, aucun de ceux-ci n’est honteux, permettant, en définitive, à Source:remix de se présenter comme un bon album de remixes, sans toutefois attendre les sommets de celui de Portal, paru six mois avant celui-ci.

François Bousquet
le 14/04/2003