Surface of Eceon

Septième volet de la série Purposeful Availment (qui, aussi bien par sa qualité que par son rythme aléatoire de parution, est en train de rejoindre, au panthéon des disques par souscription, la série Travels in Constant de Temporary Residence), Tussyan Ruins nous permet de retrouver Surface of Eceon, un des très bons récents groupes américains de post-rock instrumental.

Débutant abruptement, sans réelle introduction (on a l’impression que l’enregistrement a été lancé au milieu d’un titre), par le versant le plus rythmé de ses productions, proche du Tarentel des débuts, Gathering of Sephryn and Seabearde marie parfaitement clarté des guitares et précision de la section rythmique. Bien vite, cependant, le climat s’apaise, une texture agrémentée de quelques petites expérimentations sonores se met en place, la guitare se fait aérienne et la batterie se tait. On retrouve alors ce sentiment de quiétude languide chère, entre autres, à Un Automne à Lob-Nor : guitare jouée en e-bow, basse arrondie et accords saturés épars.
De facture plus traditionnelle, Dragon Breather se situe à mi-chemin entre les deux voies explorées dans le premier titre. Une montée en puissance progressive permet toutefois au morceau de prendre de plus en plus d’ampleur, au fur et à mesure que la nappe distordue de la seconde guitare prend le pas sur les clairs arpèges de la première, jusqu’à les recouvrir entièrement avant de disparaître.
Toujours aussi évocatrice, la musique de Surface of Eceon nous fait penser, au début de Night of Shimmering Ions, à un bateau qui s’éloigne : tandis que des samples de cuivre résonnent doucement, les accords de guitares sont traités de manière à donner une sensation de flux et reflux. De légers roulements de toms font, par ailleurs, leur apparition pendant que la texture principale, caressante et profonde, évolue doucement.

François Bousquet
le 21/04/2003