Pure

C’est encore une fois avec le Batofar que l’on avait découvert Pure, lors de son concert parisien à l’occasion du Festival Batofar cherche Vienne. Il nous avait fait une excellente impression avec une musique tantôt techno et dense, tantôt ambient. Avec Noonbugs il développe ce dernier penchant en de longues plages hypnotiques.

Le disque est découpé en 8 morceaux atmosphériques qui s’enchaînent naturellement les uns aux autres, créant autant de paysages glacés et désertiques où règne pourtant une certaine sérénité. Même si l’on parle d’ambient, d’atmosphère et de plages hypnotiques, on est bien loin de toute musique new-age et l’on reconnaît tout de suite ce son typique de laptop-music avec le sifflement métallique de Lit qui se développe pendant près de 10 minutes, venant s’enrichir de grésillements et prenant au fil de l’eau une certaine gravité.
Mais l’originalité et la grande réussite de Pure tient certainement dans le mélange de sons typés laptop et d’autres plus connus, qui parlent tout de suite à l’auditeur, comme les cordes synthétiques de Lobs rappelant une musique de film d’angoisse, l’orchestral Duck sur lequel découpes et glitchs s’estompent petit à petit, laissant deviner un squelette de violons et flûtes, comme si remontant dans le temps il analysait le processus de déconstruction. Mieux encore, les voix de Ivan, découpées, hachées, recomposées, créant une sorte de mélange entre Dead Can Dance et l’esprit Mego. Un titre captivant et de toute beauté.

Alliant détérioration numérique et éléments connus (survol d’un hélicoptère et sirène de police sur Clad), Pure déforme notre quotidien et construit un univers sombre et futuriste, inquiétant mais pourtant très beau, allant même jusqu’à cacher de douces mélodies dans son amas de drones et sifflements stridents, un peu comme si ce Noonbugs était la rencontre entre Biosphere et Fennesz.

Fabrice ALLARD
le 28/04/2003