(Angström Records / La Baleine)
20/02/2003
Electronique
Vous connaissez Fiendish Fib ? Nous, on découvre et la surprise est intéressante. Ce petit groupe composé de deux artistes voit le jour en 1987 dans la banlieue de Toulouse, sort quelques disques autoproduits, et ce Telecom Classics aujourd’hui réédité en vinyle 10" sur le label toulousain Angström.
Une somme d’influences colossales, réparties sur 9 petits morceaux dédiés à France Telecom, allant du rock électronique de The Residents, aux expérimentations électroacoustiques de Tuxedomoon en passant par les collages de Stockhausen & Walkman.
A l’écoute de se disque, on a l’impression de faire un voyage dans le temps, en retrouvant les vieilles mélodies de publicités, les jingles, les voix douces qui nous annoncent "nous ne pouvons donner suite à votre appel". Bref, tout l’habillage sonore d’une société est ici repris, décomposé, réassemblé, agrémenté de bruits de téléphones allant du vieux cadran circulaire que l’on faisait tourner aux bleeps des appareils modernes.
On passe alors de l’easy-listening de Intro (ces morceaux sont généralement basé sur des musiques de Michel Legrand, composées pour France Telecom) à l’électro-rock tubesque de Taiwan. Des mélodies entendues mille fois sont ici reprise au piano, à l’accordéon ou à la guitare, entrecoupées par des jingles percutants et très 80s, ou des samples de voix.
C’est justement dans les voix que le disque prend toute sa saveur, comme une conversation avec une commerciale vantant les mérites des téléphones portables, apparemment à leurs débuts, tandis que le client potentiel demande si un tel investissement est rentable...
Autre point fort, deux titres pour nous rappeler que le groupe a composé quelques musiques pour des courts et moyens métrages. Le premier samplant largement une scène bien connue de E.T. L’Extraterrestre avec le fameux "E.T. téléphone maison", tandis que Live, qui clôture le disque, plonge l’auditeur dans une ambiance de polar en mettant en scène un homme poursuivi par un tueur armé d’un couteau. Il appelle à l’aide grâce à son téléphone, dans lequel on entend sa respiration saccadée. On l’imagine dans un jardin anglais avec musique classique pour commencer, qui sombre petit à petit vers la musique de film d’angoisse.
On terminera par une autre référence au cinéma et à la télévision, avec I Wake Up Phoning, composé d’un collage de sample de "Allo !!", extraits de films et de sketchs comme Fernand Reynaud et son 22 à Asnières.
Peut-être bien 30 ans de musique de pub et de jingles recomposés et réintégrés dans l’univers musical de leur époque, pour former un disque à la fois expérimental, ludique et attachant.
le 19/05/2003