DoF

Qu’il est agréable d’écouter un tel disque et de se faire « surprendre » de la sorte : un artiste inconnu de notre part (il signe là son premier album) et un label qui n’en est qu’à sa troisième sortie nous livrent, alors qu’on en attendait, a priori, rien de particulièrement excitant, un album d’electronica mélodique de toute beauté ; l’un des meilleurs du genre que l’on ait, pour l’instant, entendu cette année, avec l’album de Vessel et le dernier Melodium.

S’ouvrant sur un arpège soigné de guitare progressivement rejoint par une rythmique sûre puis par des notes de synthé aussi accrocheuses que rêveuses, If More Than Twenty People Laugh, It Wasn’t Funny nous met immédiatement en joie ; qui plus est, évolution ininterrompue du morceau, qualité mélodique indéniable et rythmique composite sont au rendez-vous. Portant admirablement bien son titre, A Path Lights This Way illumine d’entrée l’ensemble de l’album. Ne faiblissant nullement après cette splendide introduction, Brian Hulick continue, par la suite, à construire avec une précision d’orfèvre chacun de ses morceaux, sachant justement doser les parts d’expérimentations rythmiques et l’onirisme de ses mélodies.
Réalisant des morceaux particulièrement évocateurs (caractéristique soulignée par les titres de ceux-ci : Heartbeats of Fireflies, Among The Stars, The Color of My World Nine, A Part Lights this Way), DoF parvient à éviter l’écueil traditionnel du genre, ne sombrant pas dans une naïveté trop poussée qui confinerait à la mièvrerie. Probablement globalement plus à l’aise quand le tempo est soutenu que sur les titres plus lents où il lui arrive de peiner, le musicien américain démontre quoiqu’il en soit qu’il sait remarquablement installer une ambiance, la développer et l’agrémenter d’apports qui, s’ils ne sont pas spécialement novateurs, sont singulièrement bien utilisés.

Rendant instantanément béats ses auditeurs, If More Than Twenty People Laugh, It Wasn’t Funny révèle un artiste touchant et doué, qui aurait juste peut-être gagné à raccourcir certains de ses morceaux de manière à réduire un petit peu la durée totale de son album.

François Bousquet
le 19/05/2003