(Synaesthesia / Chronowax)
15/05/2003
Electronique

On avait remarqué Délire il y a quelques temps sur la compilation Strewth ! du label australien Synaesthesia, et plus récemment en concert à Confluences lors d’une soirée autour de ce même label, nous permettant d’apprécier deux facettes de l’artiste. Avec Diaspora il passe avec aisance de l’une à l’autre, quelque part entre musique concrète et laptop bruitiste.
Julian Oliver passe son temps entre musique et jeux vidéos, et s’amuse à relier ces deux domaines. Ainsi c’est du jeu vidéo que semblent provenir de nombreuses sonorités de Diaspora, en particulier sur tous les titres se rapprochant de la musique concrète. Un ensemble de bruitages qui construisent une histoire dont l’auditeur est le héros, et une ambiance générale assez sombre, inquiétante et futuriste. Bruits de pas, ouvertures de portes par système hydraulique, bleeps de machines et autres sonorités robotiques parsèment cet album, mais restent reliés par un drone, quelques notes répétitives et bribes mélodiques qui apportent une certaine cohérence à l’ensemble.
A part égale, on trouve des pièces beaucoup plus expérimentales car leur matériau de base n’a pas pour l’auditeur de référence connue. A partir de sonorités abstraites, bruitistes, directement sorties d’un laptop, Délire se fait plus extrême, ne cherchant pas systématiquement à lier l’ensemble, et s’amusant avec les changements de rythmes, y compris sur un très beau titre ambient qui se voit petit à petit envahit de sonorités étrangères.
Pour compléter le disque, une piste CD-Rom contient deux vidéos qui permettent de mieux appréhender la musique de Délire. Il s’agit en fait de deux scènes de jeux vidéos créés par l’artiste au sein de la structure SelectParks, plaçant le spectateur dans la peau du joueur. Ce sont ces jeux vidéos qui servent de source sonore et qui transforment ainsi le joueur en compositeur.
Un bel album, à la fois plaisant, intéressant et joliment hors norme.
le 18/07/2003