(Warp / PIAS)
11/03/2003
Electronique

Après son Prickle Ep, on s’attendait à un nouvel album de Mira Calix qui fut finalement bien long à venir. Nous ayant habitué à de petites ritournelles sur des éléments rythmiques très bruts, Mira Calix nous surprend ici avec un album où tout n’est que douceur.
Son précédent Ep laissait entrevoir un changement de direction, ou du moins une meilleure maîtrise de ses outils lui permettant plus de nuances, et un son plus travaillé. Après une courte intro ambient mêlant une note d’harmonica à de légers bruitages, c’est un piano répétitif qui sert de squelette à Poussou pendant que de nouveaux éléments viennent s’y greffer.
Mais c’est Woody qui reflète le mieux la tonalité de ce nouvel album. Tout d’abord c’est le premier véritable morceau si l’on peut dire, puisqu’il atteint les 5mn alors que sur les 21 titres qui composent Skimskitta, une grande partie ne sont que de cours interludes, qui n’ont rien à envier aux titres les plus longs. Ainsi Woody est construit sur un lent accompagnement de nappes, quelques notes entre tintement et bleep, tandis que la rythmique relativement riche reste en retenue. Régulièrement, la voix feutrée, les murmures de Mira Calix viennent hanter ses comptines perturbées.
Parfois cela fonctionne. The Wolf, The Sheep & The Door par exemple trouve son équilibre entre les nappes feutrées et le piano précis, entre la voix douce et la rythmique cassante. Même recette, encore plus réussie sur Sixnot6 sur lequel une jolie mélodie de fausses cordes n’apparaît qu’après quelques minutes purement rythmiques. Mais c’est You Open Always qui l’emporte. Si on pourrait lui reprocher ses grosses cordes de synthé, il dégage une certainement mélancolie dans laquelle la voix vient se lover.
Mais après quelques morceaux, cette douceur finit par lasser. Tout y est petit, poli que ce soit des bruits de pas dans les graviers, la mer, ou même le souffle ronronnant d’une machine. Il n’y a aucune place pour le moindre relief, et la rythmique mécanique de Clément ne suffit pas à relever l’ensemble. Si l’on ajoute à cela une impression de voir Mira Calix jouer du clavier avec un seul doigt (Paarl) pour en sortir des sonorités inintéressantes (Shadenfreude), on aura vite l’impression que l’anglaise produit une electronica du pauvre.
Pas mauvais en soi, possédant quelques jolis morceaux, Skimskitta reste tout de même une déception. L’ensemble est pourtant relativement original, mais on se demande si cette originalité n’est pas tout simplement du à l’impression que l’on a d’écouter une démo, un travail non aboutit.
le 05/08/2003