Pole

Après trois albums envoûtants par leur douceur et leur ambiance un peu sombre, Pole cherchait logiquement une issue de secours après cette trilogie qui semblait rapidement avoir fait le tour du genre. Avec R il essayait autre chose en travaillant avec D.Meteo à la guitare pour des improvisations jazzy et il continue sur cette voie avec maintenant Fat Jon pour des vocaux marqués par le hip-hop.

C’est ainsi que commence l’album et rapidement on se rend compte que cette voix prend le dessus et met la musique au second plan. Une musique qui n’a d’ailleurs jamais été aussi minimaliste chez Pole. On retrouve les rythmes lents du dub et quelques courtes nappes chaleureuses construisant des grooves moites. On regrettera l’ajout de cette voix qui n’apporte rien et qui à chaque fois ne formera qu’un flux monotone de mots. Seule la présence d’un harmonica ou d’un orgue discret sur Arena viendra apporter une ambiance un peu différente.

Par deux fois l’absence de Fat Jon laisse la place à la beauté de l’épure et nous laisse apprécier le minimalisme extrême de Umbrella. Une construction similaire à ses premiers albums mais avec des sons plus précis, plus brefs, plus retenus, et une rythmique qui imite des scratchs sur Like Rain.
C’est d’ailleurs sur ce genre de composition que Stefan Betke se fait accompagner par Thomas Haas au saxophone pour des envolées folles sur Bushes ou un discret accompagnement sur Green is not Green-Yellow en duo avec un harmonica. Plus enlevé, le dub sombre des débuts semble ici avoir définitivement trouvé la lumière, ce que confirme Back Home à l’esprit très libre.

Cet album est celui du changement : changement de label, changement de style, présence de voix, tout ce qu’il faut pour s’ouvrir à un public plus large. Si Pole apprécie le hip-hop ou le jazz (cf. les sortie du label  scape), il y a pourtant dans ce changement quelque chose qui sonne faux. Un album agréable, sans plus, et qui reste faible en regard de ses productions passées.

Fabrice ALLARD
le 11/08/2003