Gel :

Alors qu’on pensait que Julien Loquet avait définitivement laissé tomber son pseudonyme Gel : pour se consacrer entièrement à Dorine_Muraille, un second album de son premier alias nous parvient, via le label japonais Plop.

Peu dépaysés par rapport au reste de ses productions (collages, qualité mélodique et titres de morceaux iconoclastes - Elle l’aima jusqu’au jour où, victime d’une septicémie contractée au cours des pratiques secrètes… ou Du haut d’un terril, Elise a le vertige lorsqu’elle pense à ton joli petit cul - sont au rendez-vous), on arrive tout de même maintenant à établir un net distinguo entre les différentes appellations du jeune français : là où Gel : propose un travail sur les sonorités et aspire de plus en plus à se rapprocher d’une certaine musique classique, Dorine_Muraille tend vers un format plus pop, notamment par la présence de l’écrivain Chloé Delaume au chant. De fait, laissant les inclinaisons pops de côté, Dolce apparaît davantage comme un véritable album, là où -1, le premier album de Gel : prenait des allures de compilation de morceaux mélodiquement captivants et souvent accrocheurs.
Ainsi, là où -1 basait presque tous ses morceaux sur le même schéma, Dolce surprend par sa capacité à intégrer des instruments réels dans ses assemblages de collages et cut-ups : quelques notes de piano ou une délicate guitare viennent s’immiscer entre deux boucles électroniques. Probablement plus ambitieux musicalement que son premier effort, revenant aux ambiances des premiers singles, ce second album se voit résumer dans le morceau Prive : fulgurances sonores, grésillements incongrus et micro-boucles naviguent dans une douce ambiance balayée de divers accords de piano ou perles de guitare. Par cet habile mélange, Dolce s’inscrit pleinement dans la discographie cohérente et déjà correctement fournie de Julien Loquet.

François Bousquet
le 04/10/2003