Manual

A peine son album en collaboration avec Icebreaker International paru, Manual nous livre un nouvel EP, cette fois-ci sur Static Caravan, label qui avait déjà sorti un 7" du danois, il y a deux ans.

Encore plus porté sur le shoegazing que ses précédents disques, Isares apparaît, en quatre morceaux et vingt-quatre minutes, comme un exercice de style de la part de Jonas Munk. Si on retrouve toujours les rythmiques syncopées (comme cette fameuse sonorité qui fait une grande partie du charme du jeune danois où on a l’impression d’entendre une baguette qui se laisse tomber sur une caisse claire) présentes dans les productions passées de Manual, le côté aérien et émotionnellement prenant des mélodies semble avoir été accentué : ainsi, la superposition des deux lignes de clavier dans A Familiar Place emmène bien vite l’auditeur tandis que les voix éthérées et languissantes de Wake s’inscrivent dans la plus parfaite tradition 4AD.
Plus dépouillé et faisant office de par sa courte durée (deux minutes trente) de respiration entre deux morceaux plus richement dotés, Stealing Through se contente d’une simple mélodie de guitare et de quelques nappes en arrière-plan. A l’inverse, Wake, sommet du disque, mêle samples de cris de mouette à l’ensemble de l’instrumentarium traditionnel de Manual, avant qu’Horizon ne clôture le EP par un assemblage de couches de synthé qui s’installe avec une ampleur démesurément appuyée.

Peut-être un peu trop répétitif dans ses bonnes intentions affichées (unir, dans la lignée de la double compilation hommage à Slowdive parue sur Morr l’an passé, voire dans son album avec Icebreaker International, shoegazing et electronica) et engoncé dans un certain carcan qui limite par trop son auteur, Isares, en définitive, ne parvient pas pleinement à convaincre.

François Bousquet
le 30/11/2003