(Optical Sound)
23/09/2003
Electronique

Yrieix, un joli petit nom à l’orthographe original qui se prête parfaitement à un nom de projet electronica. Pourtant, il fait ici référence à Saint-Yrieix-la-Perche, petite ville du limousin où Rainier Lericolais exposait récemment. En effet celui-ci, même s’il s’agit là de son troisième album chez Optical Sound n’est pas musicien. Il s’agit d’un artiste complet, auteur de sculptures, peintures, photographies, installations, qui sample à tout va et recompose des oeuvres personnelles sur son ordinateur.
Au fil des 10 morceaux qui composent cet album, on voyage d’un pays à l’autre, d’un genre musical à un autre, mais pourtant on sent bien que c’est la même personne qui est derrière ce travail. Peut-être parce qu’au final c’est un peu toujours la même sensibilité qui se dégage de cette musique, des constructions gentiment dérangées, une douceur souvent inquiétante, une mélancolie latente, et une sorte de détachement de tout, tout en intégrant une somme d’influences.
On trouve régulièrement des éléments propres aux musiques électroniques expérimentales comme des sifflements suraigus, mélodies et chants édités numériquement, et toute la panoplie de glitchs (claquements, craquements, cliquetis). Les mélodies sont tour à tour composées d’accords de guitare, de violon hésitant, de trompette et plus fréquemment de piano qui nous fera régulièrement penser à des compositeurs comme Erik Satie ou Morton Feldman.
En fonction de l’agencement de ces composantes, se dégagent des ambiances variées. Le chant du premier titre nous projette dans un cabaret ou une comédie musicale des années 50, alors que les glitchs qui rivalisent avec le piano sur le deuxième construisent une pièce classique contemporaine. Une douce voix masculine atypique produit un chant original sur des guitares aux intonations parfois world, presque flamenco sur la piste n°4 dont le chant confirme cette parentée espagnole. On restera dans la chaleur avec la voix soul du sixième titre avant de partir pour le japon (piste 7) avec clapotis en guise de rythmique, puis Leonard Cohen semble hanter le huitième morceau quand une voix grave chante ’Everybody knows’, faisant penser à un crooner dans un café-théâtre. Finalement on pensera à Björk sur le dernier morceau, tant dans les intonations et effets utilisés sur cette voix féminine, que par la musique plus contrastée avec élans rythmiques nerveux.
On aura une petite préférence pour la piste 5 et la voix élégiaque qui flirte avec une trompette, sur des notes de piano éparses et cliquetis pour la rythmique. Pour finir, la piste 9, composée de boucles diverses qui se mettent en place petit à petit est un sommet de finesse. Parfois une nappe fracturée ou un ensemble de corde sévissent, alors que sur la fin un chant étrangement découpé, incompréhensible fait son apparition.
L’ensemble est joli, soigné, riche, et globalement original. On aurait peut-être préféré des pièces plus contrastées, des ambiances plus variées que cette régulière nonchalance. Mais c’est aussi ce qui fait de Yrieix Ep un disque pop, qui nous rappelle parfois Tujiko Noriko.
le 30/11/2003