(Fat Cat / PIAS)
26/01/2004
Rock

Alors là, on est un peu largué. C’est en effet le premier album de Mice Parade que l’on écoute après avoir croisé ce projet d’Adam Pierce sur quelques compilations. Ce cinquième album qui semble avoir été produit avec une volonté d’ouverture à un public plus large n’en est pas moins une belle réussite, sans forcément faire de concessions sur le plan artistique.
En fait cet album nous donne l’impression que le groupe produit de la musique électronique avec des instruments acoustiques : on retrouve de magnifiques mélodies complexes exécutées à la guitare en finger picking, le son limpide de ce qui semble être un vibraphone, et des rythmiques qui jouent parfaitement leur rôle d’entraînement d’une machine parfaitement huilée. On a parfois l’impression d’entendre un Four Tet acoustique (le rapprochement avec Fridge paraît alors évident) qui aurait gagné en authenticité, mais aussi plus riche, plus vivant. L’écoute de l’album donne vraiment l’impression que le groupe est en train de jouer ces morceaux en direct, on ne pense jamais qu’il s’agit de collages de samples ou autres traitements numériques.
Plus encore, de nombreux morceaux chantés finissent d’apporter leur dose d’humanité à une musique qui n’en manquait déjà pas. Ca commence par Kristin Anna Valtysdottir (chanteuse de Múm) et sa douce voix feutrée que l’on retrouve sur deux titres, puis Adam Pierce lui même avec également une jolie voix, douce, musicale, toujours un peu mélancolique ou plaintive même sur And Still It Sits In Front Of You, magnifique morceau croisant mélodies de guitare et d’un yang t’chin ou équivalent.
L’album passe ainsi de quelques chansons pop à un post-rock mélodique et entraînant, tout en nous faisant penser à de l’electronica (mélodies soignées, rythmiques complexes), avec parfois quelques accents plus rock (Wave Greeting et son intro faite de batterie nerveuse et de basses ronronnantes, ou Milton Road avec ses breaks de guitares saturées) et des passages ambient comme le final grésillant de Out Of The Freedom World. Quelques pièces se font même remarquer quand elle sortent complètement du lot, tel le bien nommé Guitars For Plants, titre ambient composé de nappes de guitare d’où surnage quelques mélodies, également interprétées sur une guitare. Si tout paraît fonctionner sans accro, les mélodies de guitares sont toujours un peu accidentées, contribuant à l’aspect syncopé de nombreux titres et à la comparaison avec Four Tet.
Voilà une affaire rondement menée, c’est un peu notre disque "pop" du moment, intelligent et sensible, tout en venant bousculer un peu les groupes déjà établis dans le genre.
le 16/03/2004