(Quatermass / Tripsichord)
12/11/2003
Rock

On avait repéré 2nd Gen lors de la sortie de son précédent album, Irony Is, en se basant sur son profil, sur le genre abordé, mais sans jamais avoir écouté, et en ratant régulièrement ses concerts parisiens. Nous le retrouvons chez Quatermass pour son deuxième album, à la croisée des genres, un peu électro, un peu rock, un peu hip-hop, le tout cuisiné à la sauce industrielle pour un mélange vraiment original.
Cet ex-bassiste et faiseur de bruits chez Fun-Da-Mental, est avant tout un expérimentateur qui débuta adolescent dans un groupe punk, marqué par les Boredoms, Sonic Youth et l’électro des années 80. Il en résulte des nappes de basses ronronnantes, de boucles de guitares saturées et granuleuses, et des rythmiques un peu lourdes mais surtout brutes, sales. De tout ces éléments se dégage une atmosphère poisseuse, inquiétante, qui s’installe et vient habiter ces 10 morceaux généralement assez répétitifs. La formule consiste en gros à construire une texture grave d’où se dégage quelques beats de boite à rythme et autour de cette structure déjà mouvante, gravitent quelques éléments nouveaux qui viennent s’ajouter comme des bruits métalliques, voix distordues sur le morceau-titre, ou un saxophone free jazz sur Post Modern Martyrs.
Si quelques morceaux semblent faire preuve d’un peu de facilité, Wajid Yaseen se sort généralement fort bien de l’épreuve avec des mélanges tout à fait originaux qui permettent également de ne pas perdre l’auditeur en route sur ce chemin tortueux. Evox qui ouvre l’album est peut-être la plus grosse surprise avec ce mélange de nappes graves, sombres, et d’une magnifique mélodie mélancolique de flûte indienne. Hex est certainement le meilleur exemple de cette volonté de faire autre chose, différemment. Si l’ambiance de ce morceau reste sombre, la rythmique n’est ni martiale, ni industrielle, et c’est une superposition de larsens chatouilleurs qui apportent de multiples variations, tournoyants, se liant, se déchirant, devenant de plus en plus agressifs.
Si la lourdeur de ces atmosphères risque de lasser, l’auteur à prévu un juste équilibre avec des sonorités plus lumineuses (tintements de clochettes sur Paper Veins), et des boucles de basses mélodiques sur les derniers titres dont Sliding Into Stereotypes avec quelques voix hip-hop. Les croisements et mélanges les plus improbables ne font pas peur à 2nd Gen qui conclue son album avec une énorme texture saturée d’où se dégage le murmure d’une douce voix féminine.
Si l’album aurait quand même gagné à être un peu moins étouffant, si l’on devait le comparer à la moyenne des disques qualifiés d’industriels, il serait largement au dessus du lot. Pour ce son si personnel, pour sa richesse, ses influences, tout à la fois world-rock-trip-hop-indus.
le 18/03/2004